C’est l’un des secrets de longévité de la radio. Un petit poste s’achète aux alentours de 15 euros et, muni de deux piles banales, il peut tenir un an voire plus. Aucun appareil aujourd’hui, de la tablette au mobile, ne peut concurrencer un vulgaire poste de radio sur ces deux points. Le Musée des Arts et Métiers, associé à Radio France et l’INA propose une exposition sur ce média extraordinaire, instantané et à bien des égards libérateur, qu’est la radio.
L’intitulé de l’exposition, «Ouvrez grand vos oreilles», aurait aussi bien pu s’appeler radio nostalgie tellement chaque objet présenté vient baliser un trajet de retour vers l’enfance. Quel que soit l’âge du visiteur, on y reconnaîtra l’appareil de salon de l’arrière grand-père, du grand-père, des parents, son premier appareil personnel et suivants. C’est l’expo album photos par excellence et de ce point de vue là ça fonctionne bien car s’il fallait trouver une critique à faire c’est que l’on sent tout de même un manque d’ambition, peut-être de moyens et, pour tout dire, cette affaire pèche un peu par son absence de respiration, de lyrisme.
Mais pourquoi pas. Car cette neutralité fait fonctionner à plein la boîte à souvenirs. C’est par exemple cette affiche publicitaire vantant les avantages de la radio que l’on emmenait sur la plage où on pouvait écouter tout à la fois le jeu des Mille francs, l’étape du tour, les derniers tubes du type «pour un flirt avec toi, je ferais n’importe quoi» et les pubs pour Martini «on the rocks».
L’imagination compense donc le manque d’envergure de cette expo logée aux Arts et Métiers sur ce média à vrai dire exceptionnel, qui a fait mieux que résister à Internet. Ainsi cette lectrice des Soirées un moment expatriée à Séoul qui en raison du décalage écoutait sur son ordinateur les programmes nocturnes de Europe 1 ou de FIP avec l’impression agréable bien qu’inutile que le périphérique était fluide en permanence !
En ce qui concerne le casting des appareils de radio qui ont marqué les différentes décades depuis 1921 et les débuts de la TSF, là aussi c’est un peu chiche. Mais la contrepartie positive de cette parcimonie là encore c’est que l’émotion fonctionne à plein. Il ya ce récepteur radiophonique «Excellence» dont la face avant évoque les calandres des bagnoles américaines haute époque c’est-à-dire après-guerre, jusqu’à des transistors où pouvait écouter Sheila à la plage ou à côté de la table de repassage. Ces appareils facilement transportables enfin, qui font bien plus que de la figuration dans le film «Good Morning England», à propos des tribulations d’une radio rock émancipatrice et rebelle.
Les radios de la bande FM sont aujourd’hui très vivantes 30 ans après la libéralisation des ondes. Il y avait tellement de candidats à vouloir obtenir une fréquence en 1981 que tout le monde n’avait pas été servi. François Mitterrand avait d’ailleurs dit à cette époque et en substance que la bande FM c’était comme la rue de Vaugirard aux heures de pointe et que l’on ne pouvait pas accueillir tout le monde.
Histoire de ne pas tirer trop à la ligne, terminons sur un petit éloge à l’égard d’une des qualités par défaut d’un poste de radio : il n’y pas d’écran. Pendant que la musique ou les infos sortent du haut-parleur, on peut regarder, depuis la hauteur d’un coteau et bien assis en marge de la nappe de pique-nique, les nuages qui passent ou les péniches qui transitent. La liberté, quoi, un mot qu’il va bientôt falloir apprendre à épeler.
Ecoutez une surprise radiophonique due à la gentillesse de Michel, un lecteur des Soirées depuis Radio France. France Inter 20 février 2012, 6h47.
Je me souviens de mes Soirées loin de Paris, mes années lycée.
Je me souviens de mon premier transistor, au cordon marqué de rouge pour ne pas le confondre avec celui de ma sœur.
C’était Georges Charensol et Jean-Louis Bory se querellant au Masque et la plume.
Claude Villers dont je prenais au vol les histoires à peine mon Solex rangé au garage et Jacques chancel avant ou après, je ne sais plus.
Un concert de Montand pour le Chili, en 74 je crois.
Je me souviens du Pop Club avec Jose Arthur. Aussi Gérard Sire le dimanche, comment ça s’appelait déjà ?
Et les pièces de théâtre à la radio le dimanche soir, Mystère quelque chose ?
Je m’aperçois maintenant que l’on ne se quittait pas…
Merci Philippe de me rappeler tout ça.