Tuba et accordéon ont rafraîchi les Victoires de la musique

Lundi soir se tenait au Palais des congrès de Paris la 19ème édition des victoires de la musique classique, une cérémonie co-présentée par Louis Laforge et Frédéric Lodéon, retransmise en direct sur France 3 et France Musique. Bien plus qu’une compétition, les victoires sont un événement incontournable, une grande célébration pour le monde de la musique classique, et, comme le souligne Nathalie Dessay,  «notre fête pour une fois à la télé, à nous musiciens, chanteurs et auditeurs de musique lyrique, symphonique et instrumentale».

 

 Comme invité d’honneur cette année, les victoires accueillaient et récompensaient pour l’ensemble de sa carrière, la prestigieuse soprano américaine Renée Fleming. Celle-ci interprètera en toute intimité et en toute sobriété,  un Air de Puccini, «O mio babbino caro» accompagné par l’orchestre national d’île de France. Autre invitée de marque, la star française Nathalie Dessay, venue remettre la Victoire de la révélation lyrique à la jeune Julie Fuchs. Le contre-ténor Philippe Jarousski était également de la partie, accompagné par l’orchestre baroque Le Concert d’Astrée (dirigé par Emmanuelle Haïm) largement mis à l’honneur pour fêter ses dix ans. Invitée également, la jeune anglaise virtuose de la trompette Alison Balsom. Parée d’une sublime robe de soirée, incroyablement gracieuse et féminine, elle exécutera avec brio et virtuosité un extrait du célèbre concerto en Mi bémol Majeur de Haydn, et nous prouve que la trompette n’est pas l’apanage de la gent masculine.

Côté récompenses, le jeune pianiste Alexandre Taraud a reçu celle de soliste instrumentale de l’année. Nommé dans la même catégorie, l’accordéoniste Pascal Contet, que l’on aurait aimé voir récompensé, ne serait-ce que parce qu’il a su nous montrer lors de cette soirée que l’accordéon ne se résumait pas uniquement à Yvette Horner et aux classiques de bals musettes. Interprétant un medley des plus grands «tubes» de la musique classique (Tocata et Fugue de Bach, l’Eté de Vivaldi, le Boléro de Ravel entre autres), il a su mettre en valeur son instrument, dévoilant à la fois un nuancier extraordinaire, une virtuosité féroce, de la douceur autant que de la fureur. Le baryton Stéphane Degout (futur Pelléas à l’opéra Bastille) a ébloui quant à lui avec son interprétation d’un air de Tannhaüser et s’est vu gratifier de la Victoire de l’artiste lyrique de l’année, une récompense bien méritée.                                                   

Mais l’évènement de la soirée fut la victoire du jeune tubiste de 25 ans, Thomas Leleu, dans la catégorie révélation soliste instrumentale de l’année. Un véritable événement puisque c’est la première fois que cet instrument est primé aux victoires. Actuellement plus jeune tubiste français en poste (Tuba solo titulaire à l’opéra de Marseille), Thomas Leleu multiplie les récompenses et a déjà derrière lui une impressionnante carrière. Il faut dire qu’il a de qui tenir, un papa tubiste, une maman violoniste et un frère trompettiste, Romain, qui a lui-même obtenu cette victoire en 2009. En interprétant une œuvre de Vanbeselaere, et en gagnant cette récompense il participe non seulement à la reconnaissance de cet instrument mais contribue sans doute aussi à réconcilier les français avec le tuba. Surtout, il a su prouver que le tuba ne servait pas uniquement à faire des «ploums ploums» au fond de l’orchestre comme au sein d’une quelconque fanfare. Espérons que sa victoire suscitera de nouvelles vocations. Le tubiste Thomas Leleu a donc obtenu une victoire historique et justifiée. En revanche, si la défaite est bien l’inverse d’une victoire, l’accordéoniste Pascal Contet méritait mieux, de toute évidence.

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