Bonne pioche pour le Théâtre La Bruyère. En nous proposant la reprise de L’Or, la maison ne manque pas à sa volonté de «théâtre populaire de qualité». Soit un spectacle sans esbroufe mais palpitant. Le texte est de Blaise Cendrars, qui signait ainsi en 1925 son premier roman. En action, Xavier Simonin, qui assure également la mise en scène, accompagné de l’harmoniciste Jean-Jacques Milteau qui signe la musique originale.
Ce musicien n’a pas un harmonica mais tout un bataillon, il est paraît-il une pointure en la matière. Facile de s’en convaincre à le voir dégainer avec nonchalance et jouer son rôle avec classe, discrètement. Il est pourtant bien un personnage de cette fable du désenchantement, peut-être le fantôme du mythe américain.
Voici donc la «merveilleuse histoire», selon l’auteur, de Johann August Sutter. L’histoire est donc véridique, c’est une chevauchée dans le temps et à travers les continents. Mais Xavier Simonin, excellent comédien, nous conte cette biographie avec délicatesse. Aucune envolée excessive dans la diction ou la gestuelle, pas de course folle, mais on est pris dans le tourbillon de l’histoire.
Ou plutôt l’Histoire avec un grand «H», celle des Etats-Unis, vue sous l’angle individuel de cet immigré suisse. «John» Sutter quitte son canton et sa famille à 31 ans en 1834, chassé par une faillite. Bon, l’aventure est riche en rebondissements, je ne peux en dire davantage, sur fond de conquête de l’Ouest américain et de Ruée vers l’Or. Songez qu’alors certains pour relier New York et la Californie passaient des semaines, des mois en bateau doublant le Cap Horn.
Epilogue douteux et pourtant sincère : ruez-vous rue La Bruyère, le bruit court en ville que l’on y joue un spectacle précieux.
L’Or au Théâtre La Bruyère, où l’on donne toujours les trépidantes 39 Marches.
Ce texte est fabuleux..