Concentré de vie parisienne au Musée Carnavalet

Oh quelle louable intention de la part du Musée Carnavalet de nous offrir une exposition permanente sur le Paris populaire du 19e siècle, des «guinguettes aux barricades». Tous les prétextes sont bons à prendre en effet pour se rendre ce bel hôtel qui protège en ses flancs autant de trésors de l’histoire parisienne. Paris, Paris, Paris ! Comme le clamait bien justement le regretté Lino Ventura dans un de ses films.

Ce qui est frappant dans la scénographie que l’on nous propose, symbolisée à l’affiche par cette merveilleuse photo des ramoneurs prise par Charles Nègre en 1852, c’est qu’il est beaucoup question d’un Paris de labeur, de travail, de peine. Le contraste est singulier avec les valeurs festives, conviviales, durables, les loisirs enfin, dont les messages municipaux actuels sont saturés. L’existence n’était certes pas facile dans cette ville qui s’industrialisait à grands pas. Elle avait pourtant gardé dans ses coins et recoins, centraux et périphériques, une ruralité plaisante, totalement disparue de nos jours.

Ramoneurs donc, mais aussi chiffonniers, lavandières, repasseuses, tondeuses de chiens, très nombreux domestiques aussi qui symbolisaient ces parisiens pauvres habitant dans des immeubles où le cabinet communautaire se partageait à 25.

Le tour d'abandon. Dessin: Les Soirées de Paris.

L’une des surprises de cette exposition à l’iconographie aussi foisonnante que passionnante, est notamment matérialisée par un tour d’abandon, un volume en bois qui permettait de déposer commodément l’enfant de trop devant un hospice. La pièce pivotait comme un genre de passe-plat, ce qui était toujours mieux qu’une poubelle et c’était donc un progrès. On peut juger de l’objet  avec ce dessin colorisé réalisé à partir de la pièce exposée. A cet endroit, les visiteurs sont nombreux à marquer un temps d’arrêt, touchés au cœur.

Les visiteurs parlons-en justement, ils sont constitutifs de cette manifestation: Parisiens de souche, banlieusards, provinciaux, Parisiens d’importation dotés de vieilles racines migratoires, il est impossible de faire la distinction. Ils témoignent en tout cas d’une affection visible pour cette ville, d’une curiosité irrésistible pour ce qui touche à leur histoire et leur généalogie souvent complexes de parigots.

Au Carnavalet,  Paris est partout, dans cette exposition permanente, dans les étages où l’on s’étourdit avec délices d’une histoire dont la chronologie fractionnée est dessinée, peinte ou photographiée par des artistes connus ou anonymes.

Et lorsqu’on en sort, c’est pour rejoindre…Paris, encore et enfin, avec une réconfortante impression de satiété !

Jusqu’au 26 février 2012. Le site du Musée Carnavalet.

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Une réponse à Concentré de vie parisienne au Musée Carnavalet

  1. jmc dit :

    Belle plaidoirie pour Paris et pour la classe ouvrière. Classe laborieuse…classe dangereuse, appréhendée comme telle, en tout cas, dans une part de l’opinion, comme il apparaît dans les travaux des sociologues, et dans la littérature, bien sûr. A ce propos, peut-être manque-t-il dans l’expo, – c’est une question – la présence du texte, celle du grand roman français de la fin du XIXe, et celle, évidemment, du livre et du feuilleton populaires, qui font la part belle au petit peuple des cousettes, des apaches et des ouvriers, les Gaboriau, Souvestre & Allain (Fantomas), Ponson du Terrail, etc.

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