Une toute petite silhouette qui s’évanouit presque dans le rouge d’une fresque murale. L’émotion est moins esthétique que strictement humaine face à ce message que le temps nous permet encore de discerner plus de 2000 ans après l’éruption volcanique (-79 avant JC). Celle qui recouvrit Pompéi d’une immense couette de cendres. La restitution d’une vie ordinaire à Pompéi, voilà ce que propose le Musée Maillol du 21 septembre 2011 au 12 février 2012.
L’un des messages de cette exposition est que la vie dans une domus pompeiana, que ce soit dans l’atrium (pièce centrale), le triclinium (réception), le venereum (pièce dédiée à Venus), le balneum (salle de bains) ou la culina (cuisine) était d’une «modernité spectaculaire». A preuve, comme on dit chez les gens simples, il y avait l’eau courante, le chauffage et le tout-à-l’égout.
Dans deux mille ans, les archéologues qui interviendront sur les ruines d’une maison parisienne après une catastrophe quelconque, devront ajouter l’automobile, l’ordinateur ou encore un mobile qu’ils trouveront fusionné avec l’oreille de son utilisateur sous l’effet d’une chaleur équivalente à celle qui cuisit Pompéi jusqu’au cœur.
Cette vie romaine ordinaire à deux pas du métro Rue du Bac ne l’est pas tant que ça en raison de sa présence insolite à Paris, à cause de l’exposition elle-même, dernière scorie de la gigantesque explosion. On marquera fatalement un temps d’arrêt devant le moulage d’un couple allongé nu ainsi que celui d’un chien les pates raidies vers le ciel. Chacun est figé dans son agonie. Ici, l’écho de cette apocalypse n’est pas audible, mais visuel.
La vie ordinaire de Pompéi c’est aussi (oh, oh) une certaine liberté des mœurs, discrètement répartie dans l’exposition ou plus concentrée dans une pièce étroite qui comporte un avertissement pour les personnes accompagnées d’enfants. Ce qu’il y a à voir dans ce domaine est plus drôle que gênant ce qui semble être l’avis de cette visiteuse plutôt âgée surprise à mesurer du regard avec un sourire aux lèvres, le sexe disproportionné de Priape, dieu de la fertilité.
Il est à parier que cette exposition n’a pas fini de remporter un certain succès. On connaît la passion des Français pour l’histoire et pas seulement la leur. Pompéi se présente au Musée Maillol dans la simplicité d’une maison et non d’un monument ce qui fait son prix. Elle livre au public un style décoratif d’une époque révolue, difficile à situer sur l’échelle du bon goût mais auquel la rareté, la préservation exceptionnelle, ont donné une certaine valeur. Avec le temps tout se bonifie. Ce qui donne un espoir lointain, mais un espoir quand même, aux bornes de nos Vélib’s.
Post-scriptum : Et on peut toujours se restaurer en sous-sol au restaurant le Cortigiana. Au temps de la visite de l’exposition Miro, il nous avait laissé un fort bon souvenir sur les papilles.
Excellente chronique qui me donne très envie de me replonger dans « Pompéi, le rêve sous les ruines », un recueil de textes (récits de voyages, nouvelles fantastiques, romans historiques…) tous passionnants qui nous emmène, entre autres, sur les traces de la mystérieuse Gradiva…
J’aime beaucoup la petite silhouette rouge c’est vrai qu’elle a l’air de venir de très très loin