Voilà une pièce sertie de diamants, de celles qui vous font aimer le théâtre. Pourtant rien ne brille sur la petite scène du Théâtre de Paris, et Sunderland s’impose sans tapage ni effets spéciaux. Pis sans doute pour le producteur, aucun nom en grand sur l’affiche, pénurie de stars. Pardon, on me signale en coulisses que tout de même Elodie Navarre promet beaucoup ou que Thierry Desroses a tenu l’un des rôles principaux de la série télé “P.J.” (sans doute une série policière française, on m’assure que le lecteur comprendra). Pas de vedettes donc mais une équipe efficace de comédiens convaincants, sans esbroufe, au diapason de la pièce.
Sunderland, donc, au Nord de l’Angleterre, une équipe de foot qui se traîne (elle existe bel et bien, et pointe à la quatorzième place du championnat de Premier League outre-Manche), une grippe aviaire ayant causé la fermeture de l’usine d’abattage de poulets dans laquelle travaillait Sally, la pluie qui ne cesse de tomber, et la bière (avec modération toujours) qui est comme une indispensable béquille quand tout va de travers. Rien ne brille, d’autant que Sally s’occupe seule (avec le soutien de l’extravagante Ruby, opératrice de téléphone rose) de sa petite soeur Jill. Faute de trouver rapidement un nouveau travail, Sally devra se résoudre à voir sa sœur retourner “au centre”. Elle ne s’y résout pas. Elle va donc recevoir la visite d’un couple étonnant.
L’argument de la pièce au fond n’est pas gai. Mais ici drame et comédie vont s’entremêler avec adresse pour nous faire rire sérieusement. Ou sérieusement rire. Grâce à l’écriture de Clément Koch qui signe une comédie très anglaise, au fil de répliques mordantes d’une classe ouvrière qui ne baisse pas les bras. Le décor aussi est extra, comme les lumières. Bref, ce qui n’est pas rien, Sunderland nous fait (presque) aimer l’Angleterre.