Il serait tout à fait compréhensible de limiter une visite de Liège à sa nouvelle gare qui a été inaugurée en 2009. Due au crayon de l’architecte espagnol Santiago Calavatra Valls, c’est une merveille géométrique, une réussite d’occupation spatiale (si, si) et les touristes qui se font photographier devant ne s’y trompent d’ailleurs pas.
Certes c’est aussi le palais des courants d’air où l’été vaut sûrement mieux que l’hiver. D’accord les quais sont cruellement dépourvus de places assises, mais pour le reste chapeau l’artiste, bravo pour la lumière et éloges en rafales pour les perspectives offertes au regard. La première gare datait de 1842, la seconde de 1864 et la troisième qui s’inspirait de la gare de Rome Termini, remontait à 1958. Une expérience à ne pas rater.
Les bonnes raisons d’aller voir Liège au-delà de la gare ne manquent pas. S’il est vrai que dès que l’on quitte Paris, il y a cette forte impression qu’au-delà, il n’existe plus que des gens polis, c’est encore plus vrai dans la capitale wallone. Les belges sont effectivement polis, aimables et tellement soucieux de distraire l’étranger de passage, qu’ils se fendent d’une imitation de la langue belge à chaque demande de renseignements ce que, du coup, on est tenté de faire très souvent.
D’autre part il y a la Meuse qui prend sa source en France. Au moins aussi large que la Seine, la Meuse, en passant la frontière belge, matérialise en force et en beauté le cousinage affectif avec nos voisins de la wallonie. En outre le demi de bière en terrasse dépasse rarement un euro et vingt centimes ce qui est bien agréable avant ou après la visite du Musée d’art moderne dans le parc de la Boverie ou pour faire passer les boulettes de viande à la liégeoise à peu près aussi volumineuses que des boules de pétanque. Ce musée d’art moderne est une étape nécessaire car il détient une remarquable peinture d’Albert Marquet représentant le port du Havre et la vision de cette toile, à elle toute seule, amortirait le déplacement. Sachez aussi que le 27 septembre est la date correspondant à la fête de la communauté française en Belgique.
Santiago Calatrava est un génie, ses réalisations dans sa bonne ville de Valence en Espagne valent aussi le détour.
Descendre gare de Perpignan et admirer le vieux-port de Marseille depuis une terrasse sur la Meuse… Voyage imaginaire (je parle du mien), voyage et demi (à 1 euro 20 !). Ou bien voyage à petit vin blanc, frais et fruité, qui régala les sens et réconforta l’humeur de bien des voyageurs.
« …après huit mois de travail et de feuilleton parisien, ce voyage me rafraîchit un peu l’esprit, et je me sens tout plein de courage et de bonne volonté. », écrit le « fils affectionné » Gérard Labrunie à son père, lettre datée du 17 novembre 1840, hôtel de la Pommelette, Liège.
A cette époque le vin blanc de Liège était-il encore tiré ? La vigne dans la région (sauf à Huy) a à peu près disparu au XIXe. Mais il semblerait que la ville ait replanté des vignes. Les premières vendanges auront lieu en 2014, assure le Vif, les premières dégustations en 2015 : il faudra y être…
la peinture de Marquet représente le port du havre peinte en 1934
Vous avez tout à fait raison cher lecteur et merci de votre vigilance. Je corrige cette faute à la date d’aujourd’hui. PHB