Pour ceux qui aiment l’Italie et plus singulièrement Rome avec ses paysages alentour il n’est que temps d’aller à Angers, oui à Angers, ville qui expose encore jusqu’au 18 septembre les œuvres du peintre Guillaume Bodinier. C’est au beau Musée des Beaux Arts que l’on peut découvrir cet artiste angevin, contemporain de Corot et dont l‘essentiel de son travail, a été effectué dans la péninsule italienne. Un peu oublié par la gloire, le ressaut de lumière qui lui est offert, apparaît assez justifié par cet homme qui si bien su traduire les subtilités des cieux méditerranéens.
«Le 17 novembre 1822, écrit Patrizia Rosazza Ferraris dans le catalogue de l’exposition, après un voyage de cinq semaines, le nouveau directeur de la villa Médicis, Pierre Narcisse Guérin, faisait son entrée à Rome par la Porta del Popolo. Il était accompagné d’un de ses élèves, Guillaume Bodinier, un jeune homme de vingt sept ans fils aîné d’une riche famille angevine (…)».
Pour Guillaume Bodinier, ce séjour à Rome devait lui permettre de se former en «peintre d’histoire», pouvoir ce faisant accéder ultérieurement aux commandes d’Etat et gagner par conséquent de l’argent pour le bénéfice d’un mariage en projet avec une fiancée laissée à Angers. Après avoir échoué deux fois au Prix de Rome et séjourné deux fois en Italie il finira par rentrer s’installer à Angers et épousera sa cousine Françoise-Perrine Lecomte.
Mais quelle belle et sensible production réalisera-t-il de l’autre côté des Alpes ! A Rome bien sûr dont les murs comptent alors un artiste pour trois cents habitants. Mais aussi dans les environs où Bodinier se révèle un paysagiste subtil sachant notamment flouter des perspectives et réduire les détails pour un rendu que les amateurs de Corot apprécieront. Corot que Bodinier copiera avec talent traduisant en cela une parenté artistique pas loin d’être flagrante.
Le 5 avril 1840, Camille Corot écrira à l’un de ses amis François-Parfait Robert qui partait pour l’Italie, écrivant le 5 avril 1840 à l’un de ses plus intimes amis, François-Parfait Robert, Corot lui dira «Je vous ai donné les noms de Bodinier et de Buttura, pensionnaires de l’Académie. Les avez-vous vus ? Faites-moi le plaisir de leur dire bien des choses». (Citation extraite du catalogue).
Outre ses paysages, Guillaume Bodinier vaut aussi pour ses portraits et singulièrement les petits comme ce jeune garçon à peine esquissé au bord l’eau ou ces silhouettes paysannes dont l’intimité et la joliesse sont finalement plus touchantes que ses œuvres nettement plus grandes. De la la finesse de ces petits portraits et de la douceur de ces petits paysages résultent une harmonie, une cohérence picturale, bien plus agréables que ses réalisations les plus importantes en taille.
C’est une exposition qui d’évidence se marie bien avec l’atmosphère angevine et qui met grâce à Guillaume Bodinier, Rome à portée de TGV. Les Romains ont pu voir quelques œuvres de Bodinier en 2003 à la Villa Médicis à Rome, il était juste qu’Angers plus tard, voit pour lui les choses en grand.
Merci, cela donne vraiment envie de sauter dans le TGV!