Le 25 août 1911 la Joconde a disparu du Louvre depuis quatre jours et c’est le 11 septembre de la même année qu’un juge parisien estime que c’est Guillaume Apollinaire le coupable ou complice possible pour avoir été auparavant impliqué malgré lui dans une affaire de statuettes dérobées. Il le fait enfermer sans ciller dans un cachot de la prison de la Santé. Une mauvaise plaisanterie dont Apollinaire ne se sortira qu’une semaine plus tard, meurtri, après la mobilisation de ses plus fidèles amis. Et dont l’une des conséquences heureuses sera la création des Soirées de Paris.
Apollinaire raconte cette mésaventure, dans une lettre à Madeleine daté du 30 juillet 1915 et postée du Front. En voici un extrait, où l’on comprend que police et justice, avaient alors souffert de quelques emballements.
«…j’ai été la seule personne arrêtée en France à propos du vol de la Joconde. Et la police fit d’ailleurs tout ce qu’elle put pour justifier son acte, elle cuisina ma concierge, les voisins, demandant si je recevais des petites filles, des petits garçons que sais-je encore et si mes mœurs avaient été le moindrement douteuses on ne m’aurait point lâché, l’honneur de la corporation étant en jeu…»
Avant d’entrer dans ma cellule, avait-il versifié depuis la prison, Il a fallu me mettre nu/Et quelle voix sinistre ulule/Guillaume qu’es-tu devenu…
Et c’est donc à la suite de cette affaire dont le New York Times se fit incidemment l’écho, pour le réconforter, que l’on créera pour lui, son ami André Billy en tête, Les Soirées de Paris. André Billy qui écrira que «dans une certaine mesure secrète, Les Soirées de paris sont nées du désir que les plus proches amis de Guillaume eurent de dresser un bastion pour le protéger». Ces amis s’appelaient René Dalize, André Salmon et André Tudesq. Et le titre de la revue devait s’inspirer d’un périodique intitulé Les Soirées de Médan. En 2011 et donc 100 ans plus tard, grâce à quelques journalistes et à des lecteurs de plus en plus nombreux, Les Soirées de Paris sont toujours là.
PHB