Des candélabres un peu particuliers, une rupture américaine, un récit tout en moiteur et un zoo qui se tapisse, voilà en quelques mots les quelques brèves des Soirées de Paris pour ce lundi matin 27 juin 2011.
Une sacrée paire de candélabres.
Nous avons déjà eu l’occasion de raconter, dans les Soirées de Paris, l’exposition en cours au Musée des lettres et des manuscrits au 222 bd Saint-Germain, «Des lettres et des peintres». Cette exposition temporaire (jusqu’au 28 août), vaut largement un détour, surtout si l’on y ajoute la collection permanente et y compris le musée lui-même, havre de paix si gratifiant pour l’esprit. Mais au dernier étage, inaccessible au public, ô divine surprise, deux candélabres sont disposés sur le revêtement en cuir d’un bureau. Deux candélabres dont la provenance n’est rien d’autre que l’appartement qu’occupait Guillaume Apollinaire au 202 bd Saint-Germain, c’est à dire juste à côté du musée. Et ils sont là, à portée de main, ces deux luminaires anglais du 19e siècle que le nom de leur ancien propriétaire rend absolument magnifiques. Merci à Pascal Fulacher, conservateur du musée, d’avoir rendu cette prise de vue possible.
Blue Valentine. Ce sont plusieurs tranches de vie saignante que débite «Blue Valentine». Son auteur Derek Cianfrance, a réalisé autour de la rupture d’un couple, Cindy et Dean, un film d’une crudité déconcertante, sans la moindre adjonction d’humour ou de romantisme.
C’est un film à peu près aussi tendre que l’équarrissage d’un bœuf à la tronçonneuse. Une œuvre qui réussit le petit exploit d’être réussie sans être jolie, sans rechercher d’effets de charme faciles. Derek Cianfrance organise en une heure et cinquante cinq minutes la décapitation d’un couple à coups d’allers et retours entre le présent et le passé et l’on ressort proprement étrillé du traitement, singulièrement ramené à l’ordre après cette plongée dans un décor sans fond de teint. Blue Valentine pourrait être un nom de cocktail idéal mais il se boit sec comme une vodka givrée dans un décor hostile. Pour les amateurs du genre.
Courrier moite. Dans la boîte aux lettres des Soirées de Paris est tombé un ouvrage fraîchement publié par les éditions Maurice Nadeau.
Cela s’appelle «La fente d’eau» et son auteur est l’universitaire Pascaline Mourier-Casile. Ce récit est comme une confession de peau. Humide parce que issue de souvenirs d’enfance dont l’origine se situe tout à la fois en Indochine et en Guyane. Et moite parce qu’il s’agit de la remémoration charnelle du corps de la protagoniste à des âges divers, remémoration (et dans une certaine mesure commémoration) que le résumé du livre qualifie assez justement d’hallucinée. «Je m’étendais à plat ventre sur le bois frais et lustré, couleur de violette sombre. La sueur séchait lentement sur ma peau. Puis l’humidité descendait en moi et des gouttelettes suintaient à mes aisselles. Je me retournais sur le dos et de nouveau la sueur séchait, puis l’humidité prenait lentement comme des lèvres fraîches le triangle indécis encore à la fourche de mes jambes écartées.» A noter que l’image peinte qui fait la couverture du livre est une œuvre de l’auteur.
Zoo project. A l’affût de la vie qui tapisse et retapisse sans cesse les murs parisiens, Louise Lalande nous signale cette fresque remarquable et visible dans le 20e arrondissement de Paris non loin de la Porte de Bagnolet. Forcément précaire puisque située dans un terrain vague à proximité de bâtiments en ruine, cette œuvre appartient à une idée collective intitulée « Zoo Project » sur lequel Google nous renseigne un peu et dont voici deux liens un peu éclairants.
Merci cher Philippe pour ces infos, et pour ce luminaire exceptionnel dont le scintillement lointain d’astre mort -mais pas pour nous!- va éclairer notre journée.
P.S. le « zoo projet » mérite en soi attention (et développement ?)
Merci cher ami.