De peur que vote fillette ne se rêve en princesse d’Andersen (dont le petit pois serait situé dans la tête) avant de virer Bimbo soufflée (autrement que par un jet de sarbacane), vous avez rayé Barbie de la liste des cadeaux de Noël. Pareillement, redoutant que votre garçonnet ne jure que par les tablettes de chocolat de Ken, se préparant à une fréquentation assidue des salles de sport pour jouer sur les plages un Aldo de bazar, vous avez interdit de séjour son effigie musclée…
Vous allez peut-être vous réconcilier avec le célèbre couple siliconé en visitant l’exposition temporaire que leur consacre le Musée de la poupée. S’y rendre avec votre progéniture, c’est allier le plaisir de faire plaisir au devoir d’instruire. Car Barbie et Ken vous font agréablement voyager dans l’histoire de France et de la mode. En parents (ou grands-parents) pédagogues, il ne vous restera plus qu’à brosser l’environnement historique, littéraire et artistique dans lequel évoluèrent jadis la centaine de personnages représentés.
L’idée d’habiller une poupée pour l’histoire revient à une passionnée de couture confessant son coup de foudre pour Barbie. Claude Brabant s’est mise à créer des vêtements à l’échelle de la pulpeuse poupée mannequin. Se lançant dans une quasi nano couture. Sa première création fut une Barbie habillée en comtesse du Barry, la favorite de Louis XV. La collection s’est enrichie depuis : Jeanne d’Arc, Blanche de Castille, Marguerite de Valois, Charlemagne, François Ier, Napoléon III… Chacun des trois ordres prérévolutionnaires se trouve scrupuleusement représenté : dans les vitrines se côtoient La Montespan, le cardinal de Richelieu et «une paysanne». La Terreur s’illustre dans cette scène où Charlotte Corday poignarde Marat qui trempait dans son bain. «France, mère des Arts », un Toulouse Lautrec plus vrai que nature croise une Comtesse de Ségur entourée de sept de ses petits enfants. Bien vu, s’agissant d’une écrivaine qui fit jadis le bonheur des plus vieux « accompagnants »… Côté mode, on passe du heaume moyenâgeux à la tenue de soirée des années 2000, en passant par les tenues vestimentaires d’une Merveilleuse et son Incroyable.
Les costumes ont été réalisés à partir de documents historiques (ouvrages ou tableaux) avec le souci du détail et des techniques propres à chaque époque. Nécessitant la confection de patrons miniaturisés et la recherche d’étoffes variées : taffetas, moire, feutre, dentelle, velours, tarlatane… Vu la difficulté, on doit saluer la prouesse que représente la robe de mariée (avec traîne) de Lady Di.
Visiter l’exposition prend «un certain temps»… Celui que vous aurez choisi de lui consacrer en fonction de l’âge et des connaissances de votre jeune visiteur (moyenne d’âge idéale : 8 ans). S’il pleut, vous pouvez (pour le même prix) visiter l’exposition permanente du Musée de la poupée ; s’il fait beau, rendez-vous au petit jardin tout proche qui abrite un greffon du marronnier qu’Anne Frank regardait depuis sa fenêtre… L’occasion d’évoquer le tragique sort de cette adolescente victime de la barbarie nazie.
Musée de la Poupée – Impasse Berthaud 75003 Paris