C’est le Bob Dylan du Moyen-Orient. Cheveux mi-longs, grisonnants, voilà bien trente ans que Marcel Khalifé chante la paix, appuyé sur son oud. L’artiste libanais s’est affirmé en maître de ce luth oriental et son répertoire, assurément militant, a été aussi bien interprété dans les salles les plus prestigieuses du monde que chanté dans les rues de Beyrouth et d’ailleurs.
Marcel Khalifé est un symbole dans les pays arabes. Souvent controversé, parfois censuré, le chanteur et musicien s’inscrit au centre d’un nouveau militantisme oriental qui prend forme dans les années 70. Il se retrouvera même devant les tribunaux en 1999, lorsqu’il est accusé d’avoir insulté les valeurs religieuses en utilisant des versets du Coran dans l’un de ses morceaux.
Sur fond de printemps, alors que le renouveau arabe prend forme, c’est donc bien à point que la Salle Pleyel a accueilli vendredi 3 juin le maître oudiste, qui a lancé pendant ce concert une dédicace «à ceux emprisonnés en Israël et dans les prisons arabes».
Nommé artiste de l’Unesco pour la paix en 2005, Marcel Khalifé a prêté sa voix tour à tour aux odes d’amour et aux chants de paix.
Ce sont les mots du poète Mahmoud Darwish, lui aussi profondément engagé, militant pour la cause palestinienne tout au long de sa vie, que le chanteur libanais fait danser.
Sur une musique qui mêle habilement des pointes de jazz et de tango aux instruments traditionnels arabes, il fait revivre ces poèmes également venus d’Orient, que son public sait désormais réciter mot à mot pour raconter l’amour et la guerre.
Lorsque les premières notes de “Rita et le fusil” se font entendre à la Salle Pleyel, passeront de longues minutes avant que l’on n’entende Marcel Khalifé. Car l’assistance la connaît par coeur et chante :
Un article tout à fait charmant, qui traduit bien l’émotion de ce spectacle.
Vraiment très intéressant comme article!