Comme un jeu, l’affiche de l’exposition sur Marc Desgrandchamps, à l’extérieur du Musée d’Art moderne, ajoute le reflet de la rue à une toile emblématique qui superpose déjà les transparences.
Marc Desgrandschamps joue en effet dans ses toiles de l’opacité et de la transparence. Il réduit l’opacité d’un certain pourcentage ce qui fait que la plage apparaît en transparence à travers les jambes de la baigneuse ou inversement. C’est LE procédé qui fait la signature de ce peintre né en 1960 et dont les oeuvres exposées ne remontent pas au-delà de 1987: la superposition d’objets, d’humains et de paysages le tout étant traité avec des transparences variées, de la plus limpide, comme un voile, au rideau tiré, opaque.
L’idée que l’on est dans un songe ou un mort en errance dans la réalité qu’il vient de quitter est possiblement un des résultats de son travail. Sur le parcours de l’exposition il y a quelques toiles qui font moins ou pas appel à ce système. Il y en a une de particulièrement réussie dont les aplats bruns, quoique plus lisses, font penser à ceux de Gauguin. Une autre figure la vue partielle d’une jeune fille sur une balançoire presque céleste au-dessus d’un paysage presque désert et au songe s’ajoute un instant de grâce.
Tout n’est pas réussi cependant dans le trajet et certaines toiles peuvent décevoir, disons qu’elles font une rupture dans une scénographie globalement homogène.
En revanche, situés tout à la fin du parcours, les dessins et lithographies, sont tout à fait intéressantes et séduisantes. Les couleurs des peintures ne sont plus là mais demeure cet esprit pluridimensionnel ou l’onirisme fait la synthèse des réalités emmêlées.
Et c’est jusqu’au 4 septembre au Musée d’Art moderne.