L’on ne s’en rend pas toujours compte mais l’existence est une longue improvisation à peine quadrillée de barrières de sécurité en cas de dérapage et vaguement capitonnée d’airbags disposés au petit bonheur pour amortir les chocs. C’est pourquoi l’on peut apprécier l’improvisation lorsqu’elle se donne en spectacle et, admettons-le, il faut même une bonne dose de courage ou d’inconscience lorsque l’on improvise sur une scène après avoir déjà improvisé toute la journée.
C’est cela que l’on peut goûter le mardi soir vers 21h15 à la Comédie Saint-Michel au 95 du boulevard du même nom. Dans une petite salle en sous-sol, quatre comédiens livrent leurs tripes et naviguent à vue pendant un peu plus d’une heure, devant une salle qui se prend assez vite au jeu au point qu’on la croirait comble.
D’autant que lorsqu’ils prennent leur place au guichet, les spectateurs sont invités à annoter 3 petits cartons, avec un thème de leur choix. Une fois sur scène, les comédiens puiseront ces petits cartons dans un grand bocal et adapteront leur improvisation à partir du thème dûment hameçonné.
Et c’est parti mais pas tout à fait en chute libre car il y a comme dans la vie quelques grilles d’encadrement d’activité qui permettent d’éviter une performance par trop calquée sur le mouvement brownien. S’ajoute à ces structures une complicité perceptible entre les acteurs, laquelle visiblement, évite à chacun d’entre eux la panne qui stupéfie.
Tout cela se passe très vite à la différence, par rapport à la vie courante, que le zapping part du poste et non de la télécommande et que le programme vient du spectateur et non du directeur de chaîne. C’est pourquoi ce spectacle n’est pas si innocent. Une fois rendu sur le trottoir avec l’accompagnant (e) de la soirée on se regarde et on se dit : «on fait quoi maintenant» ? Réponse : «je ne sais pas, on improvise».
Post-scriptum : n’oublions pas de signaler qu’il n’est pas impossible de détecter parmi les comédiens une jeune femme également collaboratrice des Soirées de Paris, Juliette Delaporte, dont la prestation est épatante. Nous ne pouvons en dire plus sans nous égarer dans les méandres d’un favoritisme coupable.
Voir un extrait (mais sans Juliette D)
Encore merci; comme je le dis souvent, moi je me délecte déjà en lisant l’article!
Merci! PHB