Non, ce titre ne cache pas un pamphlet injurieux sur les patrons-voyous et l’argent-roi. Quoique… Au fil de cette «BD-enquête» (un concept dont l’éditeur 12 bis s’est fait une spécialité) sortie le 5 mai 2011, le lecteur découvrira comment les plus grands financiers et capitalistes français se sont taillé des empires vinicoles comme on taille un cep à la tronçonneuse, utilisant les mêmes ressorts que dans les raids boursiers dont ils sont coutumiers.
Point de déclarations d’amour pour la dive bouteille avec trémolos dans la voix, qui nous auraient fait découvrir une facette insoupçonnée de ces hommes d’affaires – façon cœur d’artichaut caché sous une enveloppe de pierre.
Non, le vin n’est ici qu’un formidable gisement de rentabilité à exploiter et à ce titre, il devient l’élément d’une stratégie de diversification industrielle : on y parle ratios financiers, acquisitions, positionnement marketing, mondialisation… sans oublier l’indispensable dose de vanité pour alimenter cette cupidité. Avec un tel assaisonnement, le glamour du Bordeaux vire rapidement au vinaigre.
Au fil des cases, François (Pinault), Bernard (Arnault) et Martin (Bouygues) découvriront – avec le lecteur – les «dix commandements» qui régissent le petit monde des grands vins. Planera au dessus d’eux l’ombre des Rothschild, sous le regard de l’honorable marquis de Ségur.
Le scénariste, Benoist (avec un « s ») Simmat, est un habitué du genre. Avec son complice Philippe Bercovici au dessin («Les femmes en blancs», ça vous rappelle quelque chose ?), il avait déjà commis «Robert Parker – Les 7 péchés capiteux», qui décryptait l’implacable ascension du pape de la critique. Deux beaux millésimes.