La grenouille et le boeuf en poésies industrielles

Celui qu’Apollinaire considérait comme l’un des plus grands versificateurs vient de prendre ses quartiers d’été sur l’iPad. Depuis très peu de temps effectivement, on peut y écouter et y voir avec un plaisir sans mélange, la « grenouille et le bœuf », de Jean de La Fontaine. Cette réalisation est une réussite.

Au départ il y a une idée et deux termes qui se sont naturellement associés l’un à l’autre comme le fer à l’aimant : Les Poésies Industrielles. Il y a parfois des choses qui émergent comme ça avec une telle fulgurance, une telle autorité que, dès la première seconde de leur apparition, elles sont incontestables. «Poésies Industrielles» est désormais un nom de société tiré par un attelage de mots que n’aurait sûrement pas renié Apollinaire.

Et puis il y a l’idée qui vient juste après, élaborée par une paire d’amis, Arnaud Cheyssial et Scott Pennor’s, soit la transposition d’une fable écrite par La Fontaine en 1668 afin d’instruire Monsieur le Dauphin sur iPad. Quel chemin !

Arnaud Cheyssial et Scott Pennor's. Photo: PHB

 Le résultat est comme un livre d’art. Le coup de crayon à la fois vif et subtil de Scott Pennor’s que vient rehausser à la perfection les couleurs élaborées par un certain Arnaud Crassat (que l’on croise parfois coloriant les murs de Paris) séduit l’œil immédiatement.

 La fable revisitée par les animateurs des Poésies Industrielles n’est pas inerte. Elle est contée (par un acteur ou une actrice) en français ou en anglais et le lecteur peut décider d’y substituer sa propre voix dans la langue (il y en aura d’autres) de son choix.

C’est vrai qu’il y a des distractions (on peut souffler sur la grenouille pour la faire exploser, sur les feuilles des arbres pour qu’elles tombent), c’est vrai que l’on peut toucher les mots pour apprendre à les prononcer mais, ces possibilités sont limitées. «Nous n’avons surtout pas voulu d’un environnement vidéo où tout est interactif», tient à souligner Scott Pennor’ s qui préfère parler de «livre augmenté». L’interactivité est donc volontairement réduite et c’est tant mieux pour la fable et son environnement coloré qui sont ainsi mieux mis en valeur. Pas d’ergonomie épileptoïde donc, nous avons affaire à des concepteurs distingués, une rareté à souligner.

L'une des pages de la "grenouille et le boeuf" source: Les Poésies industrielles

 En dehors de l’aspect indiscutablement amusant pour les adultes, il y a dans cette affaire un net aspect pédagogique qui résulte entre autres, des deux ans d’expérience en crèche (en tant qu’adulte bien sûr) de Scott Pennor’s qui a pu à loisir observer le comportement des tout jeunes.

On peut se faire idée de ce que cela donne sans toucher à son porte-monnaie du moins jusqu’à la page 5. (Après une grenouille se déplace sur l’écran pour vous informer que c’est 3,99 euros). Mais après la page 5, le piège enchanteur s’étant déjà refermé sur votre curiosité, la tentation est grande d’aller voir plus loin.

Les Poésies Industrielles ne comptent pas en rester à ce coup d’essai bien sûr. Il y aura un bouquet de fables pour Noël c’est prévu dont «le lion et le rat». Mais c’est bien la grenouille qui, en explosant, a ouvert largement tous les champs des possibles.

Voir le lien iTunes vers l’application Frog & Ox

Post-scriptum : à titre amical Les Soirées Industrielles, pardon de Paris, vous offre l’intégralité de la petite fable sur une image parfaitement muette.

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7 réponses à La grenouille et le boeuf en poésies industrielles

  1. Arnaud dit :

    Merci Philippe pour ce bien bel article ! Je me permet de faire figurer le lien iTunes de l’application Frog and Ox, sait-on jamais qu’un lecteur des soirées, veuille se procurer un exemplaire.

    Bien à toi, Arnaud.

    http://itunes.apple.com/app/frog-and-ox/id431523046

  2. Mike.B dit :

    Une véritable envie de se procurer l’application ipad suite à la lecture de cet article.
    Mike B

  3. de Choisy dit :

    Très bel article qui décrit et représente parfaitement l’esprit de Poésies Industrielles ainsi que ce qu’Arnaud et Scott ont voulu créer à travers cette première édition digitale intelligente et sensible.

    Diane de Choisy

  4. Ping : La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf : une version esthétisante de la fable de La Fontaine | DeclicKids

  5. Ping : Erasme se méfiait déjà de Twitter | Les Soirées de Paris

  6. Anne Archen Bernardin dit :

    La moralité de la fable est bien d’actualité… Pourquoi ne pas être simplement ce que l’on est, même si on en essaye de se transformer aux contacts des autres, enfin de ceux qui font sens à notre cœur et notre esprit, et de devenir un Autre plus aimable…

    Anne

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