Le Museum of London dévoile depuis quelques semaines au public sa collection de photographies de rue dont les premiers clichés remontent à 1860. A travers 150 années de photos prises à la sauvette pour s’amuser ou plus savamment pour capturer l’instant décisif, l’exposition révèle une multitude de facettes inattendues et surprenantes de la ville.
C’est chronologiquement que l’on découvre les clichés de l’exposition. Des boîtes noires grand format des débuts de la photographie au numérique des années 2000, les photos exposées entraînent le visiteur dans un voyage certes historique et documentaire, mais aussi humoristique et émouvant.
Il y a ce garçon qui s’amuse, pendu à une corde sur une aire de jeux, une cigarette et le sourire aux lèvres, prise en 1965 par John Drysdale. Il tend sa main comme une invitation aux jeux ou pour nous montrer ce qu’il est capable de faire, tout en gardant la cigarette au bec.
Il y a cet homme au chapeau de paille en forme de Stretton qui ne veut pas rater une miette du mariage royal de Charles et Diana en 1981. Il est photographié par Jime Rice, de profil l’oeil rivé sur un giroscope en carton spécialement vendu pour l’occasion.
Et cette photo de deux enfants au regard dur derrière les grilles et la fenêtre d’un misérable appartement de l »East End des années 30, prise par Margaret Monck en 1935. En un coup d’œil, on comprend la misère du peuple d’en bas, comme le nommait l’écrivain Jack London.
Plus récemment, les photographes de rue se sont mis au numérique et à la couleur, certains puristes eux, préfèrent le bon vieux noir et blanc. Mais qu’importe ! L’idée est toujours la même : se balader dans la rue le regard alerte, prêt à déclencher dès qu’une scène plaît. «La photographie de rue, c’est la photographie dans sa forme la plus simple – c’est le médium lui-même», déclare Nick Turpin, créateur du collectif de photographes de rue, In-Public.
La capture des scènes de rues, des expressions des visages des passants, de leurs attitudes, de leurs mouvement donne une impression d’arrêts sur images. Comme si chaque photo faisait partie d’un film ou plutôt d’une scène de film. Et comme si ce dernier avait volontairement été arrêté au meilleur moment : quand le personnage est à un moment crucial d’une action.
Car la photographie de rue, c’est aussi et surtout photographier des gens, des vrais. Et ce sont eux, par leurs attitudes, leurs vêtements, leurs expressions qui nous font découvrir des bribes éparpillées de l’histoire de Londres. Des inconnus attachants qui nous en disent long sur le siècle dans lequel on vit.