Bertrand Bossard au moins ne fait pas les choses à moitié, il surfe à plein régime tout en haut de la vague, de la vogue du «stand up», un terme si galvaudé qu’il en devient
agaçant. Celui qui se tient debout (genèse de l’expression), interpelle son public, se débat dans tous les sens, grimace, le voilà admis au club. Bref, un «one man show» en
bon français. Bertrand Bossard pourtant est très singulier. D’abord car le comédien joue franc jeu en nous faisant rire … en Anglais. Direction le 104, pour le spectacle «Incredibily incroyable».
Du Mime Marceau à la Reine d’Angleterre, de JR Ewing au Tsar Nicolas II, Bertrand Bossard interprète une flopée de personnages. A cent à l’heure. C’est souvent drôle, on ne s’ennuie pas un instant. On pense d’abord et surtout aux Monty Python, par ce renouvellement respectueux de l’art de l’absurde prodigué par la troupe de joyeux lurons britanniques. Le comédien est sincère, il passe d’un personnage à l’autre avec grande aisance. Il va jusqu’à sautiller jambes jointes main sur l’oreille pour présenter l’agonie du poisson pêché.
De la lutte entre le communisme et la capitalisme au bonheur de partager inspiré par une conversation avec Dieu (oui, en personne sur scène), le comédien part dans tous les sens et on en demande pas davantage, nous voilà bien divertis.
Anecdote no sense, «Bertrand Bossard est habillé par Paul Smith» nous précise discrètement le livret du spectacle. Le chic choc anglais au service de la farce, donc. My tailor is rich, sauf qu’en l’occurrence le t-shirt et le costume noir auraient pu sortir de tout atelier du Sentier. De la façon d’afficher le luxe ordinaire.
Certes il faut se tenir au 104, un lieu remarquable. Bertrand Bossard s’y sent bien visiblement, il propose à son public de venir partager son «échauffement» 1h30 avant le spectacle, en «tenue adaptée» et propose des «visites déguidées» de l’« établissement artistique de la Ville de Paris ». Attention toutefois, « Incredibily incroyable » n’est joué qu’à six reprises encore jusqu’au 21 mai.