Aujourd’hui, Brann Renaud amorce une véritable rupture. Il ose dévoiler une série de tableaux couleur bleu nuit féérique. S’y jouent, dans la pénombre de somptueuses nuits étoilées, une dizaine de secrets d’enfant : une mise à nu saisissante quand on sait le caractère quasi inaccessible de ce genre d’histoires. Tissées à l’écart de toute manipulation adulte, elles touchent sincèrement au drame, à l’amour, au sexe et à la mort. D’habitude, seuls les enfants les côtoient munis de leur fracassante innocence. Adulte, il fallait donc être téméraire pour les croquer, les mettre en scène.
Pour présider à leur étrange déploiement, le peintre a posé comme cadre des tableaux le même petit théâtre cosmique : une drôle de surface réfléchissante entre plexiglas verdâtre et patinoire des mers du Grand Nord. C’est aussi le miroir diabolique originel, celui de La Reine des neiges d’Andersen, qui se répand en milliards de morceaux néfastes lorsqu’il se brise : tout ce qui est bon s’y ternit, tout ce qui est mauvais l’est encore plus. Le reflet, le double est un leitmotiv qui apparaît déjà dans Mémé Jeanine où la grand-mère du peintre et son reflet dans la table accolée, forme une figure monstrueuse.
Sur cette surface merveilleuse où rêves et cauchemars peuvent naître, Brann Renaud a disposé de petits jouets plastiques, des figurines de porcelaine : dans Les nuits du chasseur 1, un soldat claironne en enfourchant un Bambi de la taille d’un cheval. A ses pieds, une cape de soie rouge. Près de lui, un ours qui fait face à deux petits cochons. C’est une peinture d’Histoire à mille entrées. On y recrée ce qui a pu nous hanter enfant ou on y retrace à sa guise, une histoire du monde. En tout cas, il est plus que permis de jouer avec ces scènes ouvertes.
Un vernissage est prévu le 7 avril de 17h30 à 22 heures à:
La Trafic Galerie, 13 cité de l’ameublement 75011 Paris