Le PURLAINE ORGUEILLEUX «incarne le Spumifère moyen dans toute sa splendeur». Dans le domaine érotique, «ses impulsions sont conformistes et ses préoccupations sanitaires». Ah vous ne connaissez pas les Spumifères et singulièrement le livre qui vient de sortir à leur sujet «La vie amoureuse des Spumifères» ?
Alors c’est que vous ne connaissez pas Georges Hugnet, écrivain, éditeur et peintre qui, en 1948, au mitan de sa vie, s’amuse à gouacher et dans un esprit surréaliste, des cartes postales anciennes représentant des femmes plus ou moins dévêtues.
Les gouaches représentent des animaux étranges, à tendance lubrique, que Georges Hugnet love ou agrippe au modèle en noir et blanc de la carte postale. Il finira par ranger ces personnages dans une catégorie appelée Spumifères avec un « s » majuscule. La «Roscote givrée», le «Purlaine orgueilleux» ne sont pas seulement des noms donnés à chaque personnage, car ils sont accompagnés d’une fiche comportementale. Au final l’on peut recenser 40 Spumifères. Ces textes sont parfois inspirés par des amis artistes comme André Breton, Jean Cocteau, Marcel Duchamp… et le jeu peut consister à les reconnaître.
Myrtille Hugnet qui préface le livre raconte avec quel soin les textes d’accompagnement étaient d’abord manuscrits, puis dactylographiés puis à nouveau dactylographiés jusqu’au niveau de perfection sinon de satisfaction voulu par son mari.
Elle le rencontre en août 1949 et se marie un an plus tard avec lui entourée de témoins notoires. Elle décrit comment une large part de son passé si riche (il est né en 1906) disparaît dans l’incendie d’une maison berrichonne sous les bombes au phosphore allemandes en 1944. Ce passé est un trésor puisqu’il est composé de toiles, dessins ou sculptures, de Picasso, Miro, Max Ernst ou encore de sa correspondance avec Max Jacob, Cocteau…
Juste avant de rencontrer sa femme il écume les clubs célèbres de Saint-Germain-des-Prés et lorsqu’un serveur de n’importe quel de ces endroits énonce en direction du bar : «un Grand Marnier glace pilée», les habitués, écrit sa femme Myrtille, «savent que Georges Hugnet est là».
Pour en revenir aux Spumifères qui sont donc l’objet d’un livre chez biro&cohen éditeurs (sans majuscules), Hugnet les fit photographier et c’est une chance puisque ces drôles d’animaux interpellent notre curiosité au sens le plus fort du mot. Il s’agit, comment dirais-je pour inciter les lecteurs des Soirées de Paris à se procurer un exemplaire de «La vie amoureuse des Spumifères» d’un acte d’achat tout à fait inutile et donc parfaitement impérieux. Verbiage mis à part, chaque page est un régal.
Ping : Bouts de nappes légendaires à Drouot | Les Soirées de Paris
Ping : La vie amoureuse des Spumifères | pandatomic