Do you speak English? Yes, I do and I have to, anyway. L’anglais, on ne peut pas y échapper. La langue de Shakespeare, des Beatles et des Rolling Stones, de Lady Gaga et de Sa Majesté la Reine d’Angleterre n’est plus une matière comme les autres, c’est une nécessité, un gage de liberté pour qui veut survivre dans le monde moderne.
Et pourtant, je fais partie de cette catégorie de gens qui ont fait allemand première langue en sixième. C’était la mode et ça rassurait les parents : les classes d’allemand première langue étaient censées être «meilleures» que les autres. Les modes changent au fil des saisons, ouf ! Et l’anglais est vite devenu ma première langue. Par nécessité mais aussi par goût. Il se trouve que j’aime l’anglais, j’aime la musique de cette langue, ses accents si variés d’un continent, d’un pays et même d’un quartier à un autre.
Il se trouve aussi que j’aime sa richesse, sa littérature, sa poésie, mais aussi son pragmatisme et ses charmantes exceptions de grammaire. J’aime aussi comment l’emploi de certaines expressions et de certaines tournures de phrases vous en disent long sur la personne qui s’exprime en face de vous.
C’est donc avec joie que je me rends à l’exposition «Evolving English» de la British Library. Je réussis presque à convaincre mon fils de 10 ans, bilingue, de m’accompagner jusqu’au moment où il me demande : «C’est où ?». Je lui réponds et là c’est un non tout net : «Ah non, maman, il y a trop de livres là-bas, ça fait mal aux yeux » Bless him… (Béni soit-il) Je le laisse à sa télé, ses jeux vidéos qui me font…mal aux yeux et à la tête. Je prends le chemin du sous-sol de la BL à la découverte des origines de la langue de Shakespeare et de son évolution.
Des Scandinaves aux tribus germaniques, en passant par l’invasion du roi Guillaume et par la même occasion du français, on apprend comment la langue s’est formée et comment elle a évolué. Des ouvrages médiévaux sous verres aux écritures minuscules, aux pubs pour la fameuse marque de chocolat Cadbury, l’expo nous montre aussi les différentes utilisations de la langue. On découvre des objets étonnants comme ce petit alphabet rédigé sur une sorte de corne d’animal qu’on appelle le « Hornbook ». Les enfants du 15ème siècle l’attachaient à leur ceinture pour ne pas oublier les lettres.
On n’échappe pas aux fameux gros titres des tabloïds britanniques et à leurs jeux de mots, ni aux projections des bribes des discours politiques de Gandhi, ni à l’histoire de l’argot et du fameux Cockney. Et si vous êtes nostalgique d’un séjour linguistique en Ecosse, vous pouvez redécouvrir l’accent charmant de votre petit(e) ami(e) de l’été de vos 15 ans… Il suffit de vous brancher à un des nombreux «points écoute» que l’expo propose.
Enfin, avant de quitter le sous-sol du temple de la lecture, vous êtes invité à contribuer à l’évolution de cette langue plus que vivante. Vous pouvez enregistrer votre propre accent, raconter une anecdote ou, pourquoi pas, apporter de nouveaux mots… C’est en sortant des antres de la British Library et de ses lumières tamisées que le retour à la réalité vous donnera mal aux yeux.