Gustave Caillebotte et Martial, le frère inconnu

Voilà une photo extraordinaire. Elle sera sans doute l’une des images emblématiques de l’exposition que le musée Jacquemart-André consacrera aux frères Caillebotte du 25 mars au 11 juillet 2011. Elle a été prise en 1892 et représente le célèbre peintre Gustave Caillebotte. L’auteur en est Martial Caillebotte son frère, un inconnu -lui- qui méritait c’est sûr, un fameux coup de projecteur à l’occasion des 100 ans de sa disparition. Grâce en soit rendue aux organisateurs.

Cette photo est extraordinaire parce que c’est Gustave Caillebotte. Gustave est né en 1848. Il est mort précocement d’une infection pulmonaire en 1894 à l’âge de 45 ans. On lui doit de formidables toiles exprimant les bouleversements du Paris haussmannien, l’intimité de la vie familiale et une certaine société de loisirs sur les bords de Seine entre Gennevilliers et Argenteuil. A ce titre, une nouvelle exposition Caillebotte est en soi un événement.

Mais le coup de génie de cette mostra est sans conteste possible celui d’avoir mis en regard la production peinte de Gustave avec les œuvres photographiques de son frère Martial. On y comprendra vite que les deux frères partageaient leurs passions mais avaient visiblement cette estime mutuelle particulière, profonde, cette complicité qui peut unir une fratrie. Ils avaient également un demi-frère, Alfred, prêtre, disparu en 1896 alors que Martial vivra jusqu’en 1910.

Leur chance à tous les trois (à tous les deux surtout) et chagrin mis à part, est d’avoir hérité de la fortune de leur père, laquelle permettra à Gustave d’être le mécène de plusieurs peintres contemporains. Gustave sera peintre, régatier, horticulteur, architecte naval… Martial se consacrera, sans rencontrer la notoriété de son frère à la musique, avant de s’adonner à la photographie. Ensemble, ils remporteront plusieurs régates, ensemble, ils partageront leur passion pour la philatélie.

Le regard superposé du photographe sur celui du peintre permet d’une certaine façon d’authentifier le plaisir de vivre que l’on pouvait éprouver à ce moment-là sur les bords de Seine. Ce que Gustave a peint, Martial l’a souvent photographié. Avec l’apport de son frère Martial, il est  légitime de parler de reportages croisés, peints et photographiés, sur Paris, la vie familiale et les loisirs.

L’un comme l’autre ont su, de toute évidence, profiter (et faire profiter) de l’héritage de leurs parents (Céleste et Martial). Photos et peintures sont là pour témoigner que les deux frères n’ont pas boudé la vie et mieux, ont su la traverser en tandem.

Martial Caillebotte a capté cet instant critique qui fait une photo réussie. Dans cette façon d’arpenter la place du Carrousel à Paris, avec sa mise élégante, sa carrure d’homme fort, sa démarche sûre, on sent Gustave Caillebotte bien inscrit dans son époque, bien décidé à en profiter à travers plusieurs activités. Avec son frère.

Gustave Caillebotte et Bergère sur la place du Carrousel. 1892. Photo: Martial Caillebotte. Collection privée. Droits réservés.

Le programme de l’exposition sur le site du musée.

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