Depuis sa première diffusion le 5 janvier 1971 à 17 heures sur un émetteur ondes moyennes « qui ne servait à rien », FIP a fait beaucoup de progrès de diffusion. Internet est passé par là. On peut être expatrié à Séoul ou à Seattle et avoir la très dépaysante sensation d’être bloqué dans les embouteillages parisiens ou encore de s’acquitter d’une corvée de repassage un dimanche après-midi grisâtre tout en rêvant d’ailleurs grâce au hasard à un morceau de musique américaine aux nuances jazzy.
Bien avant l’arrivée de la libération des fréquences en 1981, l’arrivée de FIP sur 514 ondes moyennes avait incroyablement rafraîchi un paysage radiophonique dominé par quelques mastodontes du type Europe 1 ou RTL lesquels saturaient les tympans de tous les usagers de tous les salons de coiffure de France avec des hit parades, des « stop ou encore » et surtout un boucan publicitaire insupportable.
Avec FIP c’était tout le contraire. La nouvelle station diffusait une programmation véritablement faite pour les urbains aux journées fatigantes. Pas de pubs, des voix très douces qui détendaient et sobrement intitulées « interventions parlées », FIP était faite pour être écoutée en douceur.
La première émission sur ondes moyennes en 1971 est due à Jean Garretto et Pierre Caudou qui avaient déjà procédé à des expérimentations locales réussies. Le directeur de la radio à l’ORTF, Roland Dhordin leur demande de réfléchir à quelque chose de local, parisien, à partir d’un émetteur ondes moyennes de 514 mètres qui n’était pas utilisé.
«Nous avons pris le contre-pied de tout ce qui se faisait à l’époque, raconte Jean Garretto (Libération, 13 janvier 1996) après plus de quarante ans consacrés à la radio. Nous nous sommes dit que nous allions faire une radio en forme de ruban musical continu. Au lieu de mettre des hommes, nous avons pris des jolies voix de femme.( Le recrutement des voix était opéré derrière un rideau pour que le physique n’influence pas les choix). Cette nouveauté devait s’inscrire dans un cocktail musical où nous avions notamment décidé d’introduire de la musique classique, jusque-là très sectorisée, et du jazz. Nous nous sommes dit que nous allions faire une radio d’environnement. A Paris, les gens sont dans leur bagnole et ont besoin de détente. C’est pourquoi nous avons créé ce tapis musical.»
Quarante ans plus tard, la formule tient toujours. FIP (France Inter Paris) mérite bien son rang de radio de service public. Elle est ambiance par excellence. Elle pourrait être, soustraction faite des pubs, un mélange de Nova, de Radio Latina, de TSF et de Radio Classique. Cependant son impulsion programmatique lancée il y a pile 40 ans a son style propre. Une radio qui, incroyablement, s’applique à plaire et à fiche la paix.