On a chacun nos petites madeleines de Proust. L’une des miennes c’est la Praluline, cette brioche aux pralines inventée par Auguste Pralus il y a plus d’un demi-siècle. Elle a nourri les petits déjeuners de mon enfance pris chez mes grands parents maternels. Elle a marqué nos quatre heures avec mon frère. Que de regards gourmands et intéressés nous avons pu d’ailleurs lancer tous les deux en direction de la pâtisserie de la rue Charles de Gaulle à Roanne.
Quand l’on sait en outre que la Praluline se situe dans le patrimoine culinaire des roannais au côté de Trois Gros, je vous laisse imaginer l’immense plaisir que prennent mes papilles à effectuer un voyage dans le temps dès que je suis à proximité du centre George Pompidou. Car c’est au 35 de la rue Rambuteau que c’est ouvert il y a quelques années une boutique Pralus.
Une boutique dans laquelle on ne trouve pas seulement des Pralulines, même si elle trône en bonne place derrière la vitrine. Car Pralus c’est aussi et avant tout des chocolats. Et en la matière la richesse et la variété de saveurs, de pays, et de catégorie d’or noir, sont telles qu’elles devraient ravir les plus gourmands et les plus gourmets des amateurs, surtout pour accompagner un café.
Un café que pour ma part je ne savoure plus entre amis qu’en l’associant à un morceau de mon enfance.
Extrait du livre » A la recherche du temps perdu « de Marcel Proust:
Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel…