Pour leur documentaire « L’Empire du Milieu du Sud », les réalisateurs Jacques Perrin et Eric Deroo, ont longuement collecté aux quatre coins du monde les documents filmés sur le Vietnam. Ils ont visionné des kilomètres de pellicule conservés dans de nombreux pays, Cuba, Etats-Unis, Australie, Japon, Chine, Vietnam, Russie, France…
A partir des matériaux sélectionnés, ils mettent en forme, avec l’aide d’un monteur pour le moins pointu, Vincent Schmitt, un film qui, sans avoir la facture d’une suite purement historique comme savait le faire Frédéric Rossif, est plutôt une sorte d’évocation poétique et tragique des cent dernières années du Vietnam, ce pays étiré du Nord au Sud, entre deux deltas.
Les images, le plus souvent inédites, sont de véritables bijoux et l’on ne peut s’empêcher de songer aux trésors d’archives (et de modernité) qui dorment de par le monde, enfermés dans leurs boîtes métalliques. C’est-à-dire, toutes celles qui n’ont pu trouver leur place dans ce film qui ne dure qu’une heure et vingt six minutes.
Aussi, nous sommes un peu sur notre faim et avons quelques jalousies de ce que les auteurs ont vu et qu’ils nous ont caché. La bande-son, de la même manière, est un assemblage d’extraits de textes provenant de la littérature vietnamienne et française, lus par une voix off comme on dit, celle de Jacques Perrin. Lequel parvient, pas toujours mais le plus souvent, à éviter le ton, fameux, de Malraux dans ses Oraisons Funèbres.
La beauté de certains textes aurait d’ailleurs mérité que l’on puisse identifier plus rapidement leurs auteurs. Il faut en effet attendre le générique pour connaître leurs noms et pas de manière très explicite.
Etre tombé amoureux des paysages vietnamiens et de ce peuple élégant, à la culture raffinée, c’est bien ce qui semble être arrivé à Jacques Perrin, comme à tant d’autres, peut-être pendant le tournage de « La 317ème Section », de Pierre Schoendoerffer. Et ce lien crée comme un devoir de mémoire.
Aussi, l’intérêt du film est de rappeler à quel point « L’Empire du Milieu du Sud » a souffert d’une histoire imposée de l’extérieur, d’une violence importée. Rappeler combien « le peuple qui n’a jamais courbé l’échine » a dû payer dans sa chair un prix exorbitant.
Film documentaire de Jacques Perrin et Eric Deroo, (1h26).
Et la bande annonce sur www.allocine.com franchement encourageante.