Le musée du Louvre touche presque au but. Les trois-quarts de la somme nécessaire à l’acquisition des Trois Grâces de Lucas Cranach l’Ancien ont été réunis. L’œuvre peinte en 1531 est aujourd’hui entre les mains d’un particulier. Le fait que cette huile sur bois a été classée « trésor national » donne au musée une période de trente mois pour trouver les quatre millions d’euros revendiqués par son propriétaire et l’intégrer dans un ensemble « remarquable » mais encore « lacunaire » d’œuvres de Lucien Cranach conservées au Louvre.
Les crédits d’acquisition du musée, ajoutés à la « générosité » du groupe d’audit international Mazars et complétés par une « seconde entreprise mécène », font que ce chef-d’œuvre de la Renaissance devrait bientôt faire partie du patrimoine.
Mais il manque encore un million. En conséquence, le Louvre a décidé de faire appel à d’autres entreprises et au grand public. Pour les entreprises, 90% du don est déductible de l’impôt sur les sociétés, un dispositif spécifique à l’acquisition de trésors nationaux. Quant aux particuliers, c’est 66% du montant du don qui peut faire l’objet d’un dégrèvement dans la limite de 20% du revenu imposable. Le patronyme des bienfaiteurs sera publié et ils pourront profiter d’avantages divers (une présentation en avant-première, visite privée des collections etc…).
Dans son communiqué, le Louvre évoque un sujet célèbre de l’Antiquité (divinités mineures, filles de Zeus et d’Eurynomé, compagnes d’Aphrodite), personnifiant « l’allégresse, l’abondance et la splendeur », mais aussi la beauté, la douceur et l’amitié. Lucas Cranach, « au carrefour du réalisme des peintres du Nord et de l’imaginaire plus velouté de la peinture italienne », a préféré traiter le sujet des Trois Grâces de façon « très personnelle et volontairement ironique ». Une ironie que l’on peut aussi voir, tout simplement et à cinq siècles de distance, comme une expression réussie de modernité.
L’opération « offrons le Louvre aux Trois Grâces » s’étalera du 15 novembre au 31 janvier 2011.