Le Mac/Val réjouit

C’est sûr, la route est moins affriolante qu’un trajet -au hasard- Beaubourg/Musée d’Orsay. Il faut traverser Ivry, une partie de Vitry, et se servir de la sculpture de Dubuffet comme point de repère au carrefour. L’environnement grisâtre des logements sociaux accentué par un automne conforme aux canons climatiques ne fait pas, en outre, d’une arrivée au Mac/Val, une fête pour les sens. Pour parachever les impressions premières, l’apparence extérieure du Mac/Val se hisse, du point de vue de la qualité esthétique, au niveau d’un collège de banlieue comme on en construit aujourd’hui. C’est bien, sans plus d’émoi. 

Un détail du musée. Photo: PHB

Et pourtant ! Ce musée d’art contemporain, qui fête en ce moment même ses 5 ans, vaut le déplacement. Dès le franchissement du seuil, la récompense est là. De l’exposition temporaire « Let’s dance » aux expositions permanentes, le Mac/Val remplit une mission qui est loin d’être partagée par l’ensemble de ses pairs : il étonne, il détonne, il suscite l’enthousiasme. 

L’originalité des œuvres exposées est convaincante. Les installations vidéos sont déconcertantes mais dans le bon sens du qualificatif. Les parcours sont bien pensés, on se sent agréablement piloté par une main invisible. 

Les balançoires, installation de Mona Hatoum. Photo: PHB

« Suspendu », l’installation de Mona Hatoum composée de 40 balançoires, relève de l’idéal optique. « Untitled », la vidéo interactive de Shilpa Gupta qui fonctionne par intégration du visiteur sur l’écran, est un moment de drôlerie qui ne cède en rien à son propos esthétisant. 

Intégration du visiteur sur l'écran. Artiste: Shilpa Gupta. Photo: PHB

Le mur de réveille-matin, la vidéo des orages, le film de la Volkswagen qui flambe, l’étrange salle consacrée à la torture ou encore la toile de Jacques Monory, autant de sources d’étonnement qui réjouissent et jalonnent un parcours sans faute. 

Il  y a au Mac/Val, une homogénéité en trompe l’oeil. L’ensemble a l’air cohérent mais, d’une discontinuité finalement savante parce qu’elle est distillée avec discrétion, naît une distraction littérale. L’agencement force l’admiration. 

« Il faut nous faire de la pub, il faut dire aux gens de venir, il faut leur dire que même le premier dimanche du mois, quand c’est gratuit, il y a suffisamment de place pour être à l’aise ». Cette confidence en forme de supplique lâchée par un des employés du Mac trahit néanmoins un petit malaise. 

Deux chiffres le confirment, seuls 9,1% des visiteurs viennent de Paris et 5,2% de l’étranger ou de la province (chiffres fournis par Mac/Val) sur les 420 000 visites que décompte le site depuis l’origine. 

Quel dommage de se priver d’une heure ou plus d’étonnements à la chaîne. Le personnel est accueillant et le restaurant annexe offre des plats bizarres : le steack tac tac, le béton, le bricolage, les parpaings et gros œuvres…de quoi terminer la visite sur une bonne note à des prix qui ne sont pas trop décourageants. Pour se rendre au Mac/Val

 Post-Scriptum : bonne nouvelle ce musée n’est pas photo-phobe (c’est si rare). A condition ne pas utiliser le flash, vous pouvez venir avec votre appareil. 


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