Giuseppe De Nittis (1846-1884) La modernité élégante. Quelle bonne surprise que cette exposition sur Giuseppe De Nittis proposée par le Petit Palais. Quel retour aussi puisque ce peintre italien n’avait pas fait l’objet d’un tel égard par un musée parisien depuis 1886.
Mort à 38 ans (comme Apollinaire) Giuseppe De Nittis a tout de même beaucoup produit. Ce sont plus de 110 tableaux que l’on peut découvrir dans les espaces généreux du Petit Palais, dans une scénographie sans faute.
Belle occasion de se mettre en vacances le temps d’une visite, d’échapper une heure à la pression de l’art contemporain, avec une peinture qui ne représente rien d’autre que le bonheur de vivre, l’élégance des femmes en marge des champs de courses ou la sérénité des rivages de L’Ofanto, ce fleuve de la région des Pouilles dont est originaire De Nittis.
Non seulement cet ami de Degas, Manet ou Caillebotte est mort jeune, mais sa jeunesse a également été marquée par le décès de sa mère en 1849 alors qu’il n’avait que 3 ans et le suicide son père en 1856.
Il partage d’une certaine manière, par son talent et sa destinée tragique, le même itinéraire que Frédéric Bazille, né en 1841 et mort au combat en 1870. On songe notamment à « la réunion de famille » réalisée par le Français en 1867 et visible au musée d’Orsay.
Comme Bazille, De Nittis prend le visiteur consentant par la main et l’emmène sans plus de façons dans ses toiles. Ainsi, dans « le train qui passe », le mouvement induit par le panache de fumée est saisissant de réalisme et sur les bords de L’Ofanto on entend presque le chant des aigrettes. Son goût pour le Japon se trouve incidemment dans « kimono couleur orange ».
Mais c’est une digression qui ne vaut pas ses femmes en toilettes à Longchamp ou surtout « son déjeuner au jardin » qui permet de se sauver si efficacement de ce siècle lequel ne vous retient pas vraiment. Profiter de Guiseppe De Nittis ne réclame ni login ni password, c’en est presque étrange.
« Peintre de la vie moderne », usant de l’huile, de la gouache mais aussi du pastel sur grand format, l’artiste a aussi déployé son aisance picturale à Paris et à Londres tout en étant peut-être plus convaincant dans la capitale londonienne. Au visiteur de juger.
Le déplacement s’impose en tout cas si l’intervalle entre chaque exposition se maintient à 124 ans.
A noter le site internet de l’exposition, très bien fait: