« J’ai descendu dans mon jardin… » : une comptine aussi simple qu’innocente qui sied à une illustration végétale. Et c’est sous ce gentil patronage que s’est ouvert le 29 octobre (et jusqu’au 14 novembre) la 2e édition du Festival International de Photographie Culinaire (FIPC).
L’exposition a lieu à Bercy Village sous les passages couverts où un tirage de chaque artiste y est exposé. Les clichés sont aussi divers que le thème est large : naturalisme brut avec des racines terreuses et difformes, macros de légumes, organiques et anthropomorphes, des compositions abstraites, fantaisistes et colorées. Le lieu est aussi agréable que la comptine est mélodieuse bien qu’un poil entêtante.
La première chose qui frappe c’est le parfait anonymat qui entoure les œuvres.
La majorité des clichés est d’un intérêt plutôt quelconque, on souhaiterait en voir un peu plus pour se forger une opinion moins légère ou plonger plus profondément dans les univers des quelques artistes qui réussissent à interpeller dans ce fatras végétal. Ce sont eux qu’il faut détecter.
Après 20 minutes de marche intervient la suite de l’exposition dans le show room d’un cuisiniste célèbre dont la marque commence par « m » et se finit par « a »… Deux autres tirages de chaque photographe sont exposés et la première impression s’améliore enfin: si la plupart des clichés jouent des stéréotypes, le potager de grand-mère ou la sexualité des légumes, certains photographes font preuve d’une réelle originalité de regard. La subtilité avec laquelle est racontée le cœur bleuté d’un fruit est saisissante.
Quelques noms marquants, Renaud Doyen, Nicolas Lemonnier sont exposés intégralement dans d’autres galeries mais cette découverte n’est pas immédiate car les organisateurs malicieux du FIPC ont élaboré un véritable labyrinthe potager.
Les participants du festival sont disséminés dans tout Paris, galeries, restaurants, écoles, lieux publiques ; il y aune trentaine de lieux qui abritent autant de manifestations différentes.
La photographie culinaire est multiple, son traitement également. Elle est l’illustration de livres de cuisine où souvent toute sa valeur réside dans la plastique du sujet : le mets. Elle est le compte-rendu d’architectures alimentaires fantasmagoriques. Elle est parfois une œuvre complète narrant sa propre histoire.
Cette photographie se suffit rarement, c est pourquoi Le festival propose des colloques, des ateliers de cuisine et des dîners où chacune des photographies retrouve son contexte. Il y en a pour tous les goûts et toutes les curiosités, mais il est préférable d’éplucher soigneusement le programme, pour éviter une ballade trop fade.