C’est une surprise à la fois bonne, troublante et irrationnelle. Alors que Les Soirées de Paris, fondées par Guillaume Apollinaire en février 1912, réapparaissent sur internet 96 ans après leur mise en sommeil (le premier article de la reparution est publié le 11 octobre 2010), les Editions de Conti ont annoncé le 8 octobre la publication d’un recueil des numéros 18 à 27 avec un avant-propos d’Isabel Violante, maître de conférences à Paris 1 Panthéon Sorbonne et spécialiste des revues d’avant-garde. Elle donnera d’ailleurs une conférence à ce sujet, le mardi 16 novembre, de 18h à 20h) à la Librairie de Paris située 7 place de Clichy.
Dans la foulée, la même maison a lancé la distribution le même jour d’un livre consacré au peintre Serge Férat, titré « Un cubiste russe à Paris ». Serge Férat était très lié à Apollinaire à qui il prodiguera des soins en 1916 en raison de la blessure du poète, causée par un éclat d’obus. C’est lui qui accueillera Les Soirées de Paris dans son atelier du boulevard Raspail au numéro 278. L’auteur du livre sur Férat, Jeanine Warnod, dédicacera son livre le samedi 13 novembre de 17h à 18h à la Galerie Berès, 25 quai Voltaire, dans le cadre de l’exposition sur…Serge Férat bien sûr.
Voici ce qu’écrivait André Billy en 1947, l’un des plus sûrs et des plus affectueux biographes d’Apollinaire (et incidemment du poète Max Jacob) : « Les Soirées de Paris que j’avais reprises à mon compte me coûtaient trop cher. D’accord avec Serge Férat et la baronne d’Oettingen, Guillaume me les racheta pour en faire l’organe par excellence des nouvelles tendances poétiques et plastiques. Elles reparurent donc en novembre 1913, illustrées de natures mortes de Picasso. Dans le numéro suivant ce fut le tour de Matisse, de Marie Laurencin, d’Albert Gleize, de Jean Metzinger. Il y eut en janvier 1914 un numéro spécial du Douanier Rousseau. Derain, Picabia, Georges Braque, Archipenko, Vlaminck et Fernand Léger vinrent ensuite. Aux Soirées de la nouvelle série, la poésie était représentée par Max Jacob, Fernand Divoire, Henri Hertz, Jean Royère, Vincent Muselli, Blaise Cendrars… ». Sans compter Apollinaire bien entendu.
Avec la reparution sur internet du titre, qui ne prétend certes pas égaler le génie de ses fondateurs et animateurs, avec l’initiative formidable des Editions de Conti, il y a dans l’air comme un parfum de résurrection qui pourrait autoriser, une fois n’est pas coutume, une Toussaint au champagne.
A lire, le texte d’Isabel Violante sur le sujet.
Post-Scriptum: Si ma mémoire est bonne, André Billy raconte que peu après l’enterrement du poète, il croise une connaissance qui lui dit: « alors, toujours pas de nouvelles de Guillaume » ? Avec la sortie du recueil, la nouvelle formule des Soirées qui sort presque en même temps, des nouvelles je ne sais pas, son souffle, sa main, oui peut-être.