Les Soirées de Paris ont été fondées par Guillaume Apollinaire. Pour lui qui écrivait « Hommes de l’avenir souvenez-vous de moi », la publication de son poème (Les Fenêtres) ci-après lui est dédiée.
Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Quand chantent les aras dans les forêts natales
Abatis de pihis
Il y a un poème à faire sur l’oiseau qui n’a qu’une aile
Nous l’enverrons en message téléphonique
Traumatisme géant
Il fait couler les yeux
Voila une jolie fille parmi les jeunes Turinaises
Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate blanche
Tu soulèveras le rideau
Et maintenant voilà que s’ouvre la fenêtre
Araignées quand les mains tissaient la lumière
Beauté pâleur insondables violets
Nous tenterons en vain de prendre du repos
On commencera à minuit
Quand on a le temps on a la liberté
Bigorneaux Lotte multiples Soleils et l’Oursin du couchant
Une vieille paire de chaussures jaunes devant la fenêtre
Tours
Les Tours ce sont les rues
Puits
Puits ce sont les places
Puits
Arbres creux qui abritent les Caresses vagabondes
Les Chabins chantent des airs à mourir
Aux Chabines marronnes
Et l’oie oua-oua trompette au nord
Où les chasseurs de ratons
Raclent les pelleteries
Étincelant diamant
Vancouver
Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit l’hiver
Ô Paris
Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Paris Vancouver Hyères Maintenon New York et les Antilles
La fenêtre s’ouvre comme une orange
Le beau fruit de la lumière
Dans son « Apollinaire vivant », André Billy raconte la construction du poème-conversation réalisé devant trois verres de Vermouth, au bar le Crucifix, rue Daunou. Il y a là Apollinaire, René Dupuy (René Dalize) et le journaliste André Billy. Guillaume Apollinaire commence: « Du rouge au vert tout le jaune se meurt », Dupuy enchaîne « Quand chantent les aras dans les forêts natales », « Abatis de pihis » et André Billy ponctue alors par le fameux « Il y a un poème à faire sur l’oiseau qui n’a qu’une aile ».