Tandis que vient d’ouvrir, au musée de l’Orangerie à Paris, une superbe exposition mettant en relief «Le regard du poète», la revue « Europe », cinquante ans après un premier numéro spécial sur l’écrivain (n° 451-452), consacre à nouveau un numéro entier à Apollinaire. Ce n° 1043, dont la couverture reproduit le célèbre tableau de Chagall Hommage à Apollinaire (que l’on peut voir en ce moment à l’Orangerie) est particulièrement recommandable, par la diversité des approches, la qualité des signataires (parfois eux-mêmes poètes), et la publication de documents peu ou mal connus. (Photo ci-contre: Gérard Goutierre)
En répertoriant les différentes parutions qui ont eu lieu depuis 1920, on remarquera que l’intérêt éditorial pour l’écrivain n’a jamais connu d’éclipse. Apollinaire n’a pas subi le purgatoire que connaissent bien des auteurs après leur mort. La précocité de sa disparition (en 1918, à l’âge de 38 ans), sa notoriété littéraire, déjà grande, sa conduite héroïque au Front expliquent en partie que le poète, qui était alors une personnalité reconnue et admirée, ait fait rapidement l’objet d’hommages, de célébrations et d’études à travers un certain nombre de revues, dont certaines se poursuivent aujourd’hui encore.
C’est tout d’abord la revue de Pierre-Albert Birot « SIC », éminent porte drapeau de l’avant-garde, qui consacra un triple numéro spécial à Apollinaire, en janvier-février 1919, soit deux mois après son décès. Les signatures sont prestigieuses : Cendrars, Aragon, Reverdy, Tzara, Cocteau… et le ton général de la revue, où l’on sent l’amitié pour le poète, particulièrement émouvant.
En 1923, pour le cinquième anniversaire de la disparition du poète, la revue « Vient de paraître » (éditions Crès), lui consacre un numéro entier, le n° 24 . On y découvre, sans doute pour la première fois, les photos de l’écrivain en compagnie de son épouse Jacqueline Kolb, sur la terrasse de son appartement du 202 boulevard Saint-Germain. Des poèmes inédits sont portés à la connaissance du public (Dans un café à Nîmes), ainsi qu’une lettre à Dufy relative à l’édition du Bestiaire. Parmi les signataires : Mac Orlan, Philippe Soupault Max Jacob, et l’inévitable André Rouveyre.
Un an plus tard, c’est la prestigieuse revue « L’Esprit nouveau », créée par l’architecte Charles-Édouard Jeanneret (Le Corbusier) et le peintre Amédée Ozenfant, qui publie un très dense numéro avec une riche iconographie où apparaissent des fac-similés d’autographe, des dessins du poète, des caricatures de Picasso, ainsi qu’un portrait par Marcoussis (ci-contre). Là encore, la liste des contributeurs est de tout premier plan : André Salmon, Céline Arnauld, Paul Dermée, Francis Picabia, Pierre Albert-Birot, Marinetti, Alberto Savinio.
La “petite“ revue (petite par son format) « Les Marges », fondée en 1903 par l’écrivain Eugène Montfort, qui en fut l’unique rédacteur jusqu’en 1908, a particulièrement compté dans les débuts de la vie littéraire d’Apollinaire, puisque c’est dans cette publication qu’Apollinaire “se transforma“ en Louise Lalanne. On connaît l’histoire dans laquelle Apollinaire fit croire à l’existence de cette poétesse (voir l’article «Louise Lalanne, la cachette de Guillaume Apollinaire» du 8 avril 2011), dont la vie publique se termina…en enlèvement par un officier de cavalerie !
« Les Marges » dura jusqu’en 1937. Après la disparition d’Apollinaire, beaucoup de ses amis apportèrent au fil des parutions leur témoignage. En 1935, une «Chronique apollinarienne» rédigée par les anciens amis du poète d’Alcools, fut proposée chaque mois. Francis Carco, André Billy, Fernand Fleuret, le condisciple de classe James Onimus, y contribuèrent. La lecture en reste tout à fait intéressante aujourd’hui encore. On peut y retrouver par exemple un article sur les différents domiciles parisiens d’Apollinaire et suivre «en direct» les tribulations du monument funéraire d’Apollinaire, déjà qualifié de «tombeau fantôme», puisque le projet Picasso fut refusé. C’est en 1954 que parut la première revue uniquement et intégralement consacrée à l’œuvre d’Apollinaire. L’initiative en revient à Pierre-Marcel Adéma, le premier biographe du poète (son ouvrage «Apollinaire le mal aimé» date de 1952) et Michel Décaudin, l’ incomparable connaisseur de l’œuvre.
Avec une couverture rouge brique et un format identique aux Soirées de Paris, ce Bulletin d’études apollinariennes avait pris pour titre Le Flâneur des deux rives. Les collaborateurs étaient illustres puisqu’on retrouvait Léautaud, Jean Cocteau, Mac Orlan, et même André Breton. Mais, malgré la grande qualité de périodique, la parution s’arrêta après le numéro 7-8 au dernier trimestre 1955.
A l’inverse du «Flâneur des deux rives», la revue « Que vlo’ ve » (titre d’un conte de L’Hérésiarque), animée par le professeur et chercheur Victor Martin Schmets et de nouveau Michel Décaudin, eut une longue existence, puisqu’elle dura plus de 30 ans, de 1973 à 2004 : plus de 120 numéros, vendus sur abonnement. Si le premier numéro est plutôt modeste (seize pages tapées a la machine et ronéotypées), « Que vlo’ve » s’étoffa singulièrement et devint, grâce à des collaborations venues de différents horizons et de différents pays, un lien indispensable pour les amateurs. La revue se termina avec la décès de Michel Décaudin, en 2004, mais on peut aujourd’hui la consulter sur Internet (1).
Dans le même esprit et avec la plupart des mêmes collaborateurs, souvent universitaires, une nouvelle revue co-dirigée par les amis et élèves de Michel Décaudin, sobrement intitulée Apollinaire a vu le jour en 2006 (2). A raison de deux numéros par an, elle continue d’offrir régulièrement sont lot d’informations apollinariennes. Enfin, même si l’intitulé de «revue» ne convient pas forcément, rappelons que les éditions Minard ont publié à partir de 1962, plus d’une vingtaine d’ouvrages sur les aspects les plus divers de l’œuvre d’Apollinaire.
«On me bâtit peu à peu comme on élève une tour» écrit Apollinaire dans Cortège. Il semble bien aujourd’hui que cette tour ne soit pas constituée de briques, mais de milliers de pages.
Gérard Goutierre
(1) www.wiu.edu/Apollinaire/…Que_Vlo_Ve/Archives_Que_Vlo_Ve.html)
(2) www.calliopees.fr
Merci pour ce rappel édifiant et pour notre Apollinaire, cher Gérard. Le 19e numéro est bouclé. Amitiés, Claude
Bonjour cher Monsieur Gérard Gouttieres
Bel article pour cette très belle et émouvante exposition
« le regard du poète « au musée de l’orangerie .
l’hommage rendu a PABirot était le bienvenu car trop rare .
Je regrette qu’à l’agrandissement de la couverture de la revue d’avant garde :SIC
On ne puisse lire les noms de ceux qui ont fait l’avant garde
mais d’importance tout de même dans l’histoire de l’art
dans votre article
comme par ex :Roch Grey Leonard Pieux (amie proche de g. Apollinaire et de PABirot )
Deux des trois (pseudonymes de la baronne d’Oettingen
dont les poèmes et proses
Ses ecrits publiés dans la revue d’avant -garde
les soirees de Paris (1913 -1914 )
revue Reprise en co -direction artistique avec Apollinaire en 1913 par jean Cerusse (pseudonyme du peintre Serge Ferat
Pour la revue Apollinarienne
Que vous évoquez
Claude Debon :professeur émérite
a succédé à Michel Decaudin à La Sorbonne Paris 3
A rappeler que Claude Debon a beaucoup oeuvre et animé depuis 2006 (Date à laquelle j’ai eu le plaisir et l’honneur de faire sa connaissance par l’intermédiaire d’Arlette Birot ) et d’assister avec bonheur aux colloques apollinariens jusqu’en 2015
Date à laquelle Claude Debon a passé le relai à Daniel Delbreil et Barbara Meazzi Entourée tous de ses amis éminents apollinariens
Daniel Delbreil ,Étienne Alain Hubert ,Pierre Caizergues ,Martial Lengelle ,Gérald
(Musée Apollinaire de Stavelot)
Ils sont nombreux et pardon à ceux qui ne sont pas cités ici mais qui animent avec grand enthousiasme cette revue et
les colloques internationaux menés avec tant de brio par de jeunes chercheurs Apollinariens du monde entier
´
Sans oublier bien sur l’éminent Peter Read de (université de Canterbury ) le spécialiste des mamelles de Tiresias
publication
La revanche d’Eros les mamelles de Tiresias
Et dessins Apollinariens préface de Peter read
illustrations de madeleine ravary editions Calliopees 2016
collaboration pour les ouvrages récents claude Debon Peter Read Calligrammes Calliopees
moi aussi je suis peintre
Buchet Chastel
je citerais aussi volontiers
Maria Dario université italienne
Et publication sur les amis du poete
Barbara Meazzi université de nice
correspondance
Ferat Soffici
D’Oettingen (l’âge d’homme .)
Isabel Violante Université Paris
les romans de Roch Grey Conti
Jeanine Warnod Serge Ferat Conti 2010
Jeanine Warnod Baronne d’Oettingen. Conti 2008
Deja parus et les ecrits sur l’art de RochGrey
je prie les autres personnes de m’excuser car la liste est tres longue pour faire vivre ainsi le poete Et ses amis artistes qui ne meurent jamais .
Merci aussi à Monsieur Victor Martin Schmet pour La publication de la correspondance (presque complète )de Guillaume Apollinaire . (6 gros volumes )
Merci à vous et à tous ceux qui font vivre la mémoire du poète.
Ps
pour mémoire au musée de l’orangerie a l’exposition le regard du poete
Nous nous sommes rencontres fortuitement devant les oeuvres de Serge Ferat
Panneau consacré aux « mamelles de Tiresias , »drame de Guillaume Apollinaire
dont il a réalisé les décors ,costumes et masques .
pour la première representation au théâtre Maubel (Montmartre )devenu Galabru le 24 juin 1917 .
M. ravary
je m’en veux vraiment
Correction et ajout au mail précédent
Svp Lire :Gérald Purnelle
université de Liège et musée Apollinaire de Stavelot
Et bien sur quel oubli impardonnable de ma part
celui qui est créateur aussi animateur des colloques Jean Burgos
« Anamorphose « Edition Calliopees
Ouvrage prophétique à l’écriture très particulière (on ne peut interrompre sa lecture )
travail sur l’imaginaire
(Illustrations Ravary réalisées 2013 (non encore publiées)
déclencheur lors d’une conférence sur Apollinaire et les Mythes L’enchanteur
Merlin de mes illustrations sur le monstre » Chapalu « dans l’Enchanteur
Pourrissant Et Bestiaire de Guillaume Apollinaire
Publie chez Calliopees En 2012 Un grand merci à tous ces Apollinariens de grand talent et mérite grâce à eux et à vous
monsieur Philippe Bonnet et vous meme cher monsieur Gerard Gouttieres qui qu témoignez régulièrement dans vos articles événementiels du génie de cet immense poète intemporel .
PS ultime grâce lui soit rendue
Lire
théâtre de Michel Galabru à Montmartre c’est bien l’ex théâtre Renée Maubel ou fut joue le 24 juin 1917
représentation unique
le drame d’Apollinaire
les mamelles de Tiresias avec les
Decors ,masques ,costumes du peintre cubiste Serge Ferat sur une musique de Germaine de Surville. ( mme PAB ).
Présentation de la revue d’avant- garde Sic
Tiens on retrouve PABirot.
‘Ravary
Qui se souvient de l’exposition « Apollinaire » à la Bibliothèque nationale, Galerie Mansart, 58 rue de Richelieu, Paris-2è ? En 1969 le texte de M.Decaudin, titré Présence d’Apollinaire , en tête du sobre catalogue , évoquait, citant Max Jacob, le siècle Apollinaire, à l’occasion du cinquantenaire de la mort du poète. Le prochain siècle ?