12 décembre 2014. Je me suis arrêté là où commence le grand canyon du Colorado. Des fissures étoilées qui déchirent un désert caillouteux peuplé de buissons secs, de crotales ou de veuves noires. Au loin, un mobile home, ce qu’il reste du peuple indien. Je suis sorti pour pisser, je me cache de la route derrière ma Chevrolet Monte Carlo noire, blanchie par la poussière. Il ne manquerait plus que passe un « cop » en maraude. J’ai soif, j’ai faim. Je suis où dans mon bouquin.
Je feuillette un livre que l’on vient de m’envoyer, « Mythes et gastronomie de l’Ouest américain : sur la route ! de Nausica Zaballos. » Une quarantaine de recettes, pour nous inviter à manger autre chose que des hamburgers, mais aussi une invitation à nous plonger dans l’histoire du grand Ouest américain, celui de la conquête de l’ouest , mais aussi celui des essais nucléaires du désert de Mojave. Treize parcours pour comprendre l’histoire du Grand Ouest.
Il fait meilleur dans ma Monte Carlo. Là-bas c’est « Monument Valley » et ses cheminées qui sculptent le paysage, celui de « la prisonnière du désert ». « John Ford a laissé de bons souvenirs aux Indiens Navajo. Même s’ils devaient se déguiser en Comanches. Ford était soit un homme respectueux des croyances spirituelles amérindiennes soit suffisamment superstitieux pour engager les services d’un medecine man chargé de réaliser des rituels contre la pluie ou la canicule ». Ford a tourné neuf films à « Monument Valley ». Un détail, jusque dans les années cinquante, il n’y avait pas de route goudronnée, pas évident pour trimballer une équipe de tournage pour les extérieurs. « Une époque sans touriste, où le mythe restait à construire. » Nausica Zaballos consacre de longues pages au cinéma hollywoodien . Pour l’anecdote, John Wayne avait une recette préférée :Prenez quatre jaunes d’œufs battus les verser dans un plat avec du lait et de la farine, battre les blancs en neige, les incorporer aux jaunes, ajouter 400 grammes de Jack Cheese ( du gruyère ira très bien) et 400 grammes de cheddar du poivron et tomates émincées, cuire au four pendant une heure à 160.
Ma Chevrolet Monte Carlo se traîne suivant une route droite, droite, droite et son limitateur de vitesse qui limite, limite, limite et moi je dors, non je rigole. Je dis ça parce que à Paris il est 6h30 et que j’ai dû m’endormir sur mon clavier en tout cas mon paragraphe commençait par « Ma chevrooooooooooooooooooooooooooo la route. » Bon il est 21h 30 à Las Vegas. C’est mieux, je me réveille et plonge dans le « Casino » de Scorsese. Regardez ces casinos, « Sands » « Sahara », « Stardust » ou le « Flamingo », ils ont fait Vegas. Aujourd’hui, qu’en reste-t-il ? Le souvenir de leurs lumières dans un musée pour les néons.
Nous sommes dans les années cinquante, c’est le Vegas de Sinatra et de la mafia. Le Vegas où tout est à inventer. « Difficile de jouer le ventre vide, Las Vegas est, aussi surprenant que cela semble, être une terre d’innovations gastronomiques. La ville prétend ainsi être l’inventeur du buffet à volonté. Tout commencerait en 1946 quand Herb McDonald demande à un serveur du El Rancho Vegas le premier casino hôtel ouvert sur le strip en 1941, de lui apporter des morceaux de viandes froides, de la charcuterie et des toats. Des joueurs mis en appétit vont demander la même chose. Herb qui est aussi entertainement director du Rancho se rend compte que le casino aurait tout intérêt à prendre soin des estomacs de ses joueurs. Ainsi est né le premier buffet ambulant de Las Vegas : The Chuck Wagon Buffet. »
Dans les années cinquante, la mafia a tout de suite vu le parti à prendre d’une cité où tout est possible. Mais comment appâter le client ? Pas évident quand c’est la cagna nuit et jour. Il est célèbre, du talent, proche de la mafia et aussi proche d’une certaine famille à qui l’on prête des ambitions, les Kennedy ! Frank Sinatra qui va bientôt faire du Sands sa résidence principale. Mais Sinatra c’est aussi une bande, le Rat Pack avec Sammy Davis, Dean Martin. « Le groupe d’artistes partage de nombreuses confidences avec le public ,il n’hésite pas à se chambrer ou s’interpeller avec leurs surnoms. » Surtout les casinos n’oublient pas leur raison d’être, le jeu. C’est là et pas ailleurs que le client doit venir perdre ses dollars, c’est pourquoi il est appâtés avec des spectacles à prix modiques avec en prime la compagnie de célébrités.
Au menu du Caravan Room, à l’hôtel « le Sahara », le Monte Christo Sandwich. Mélanger un oeuf, du lait concentré , du parmesan râpé et de la muscade . Etaler de la moutarde (forte) sur une tranche de pain de mie, ajouter des tranches de jambon blanc, du gruyère et la seconde tranche de pain de mie. Tremper le sandwich dans le mélange du début jusqu’à ce qu’il soit bien imbibé. Faire chauffer une poêle et cuire le sandwich en le retournant régulièrement jusqu’à ce qu’il soit doré et croustillant, aux Etats-Unis, le Monte Christo Sandwich est recouvert de sirop d’érable ou de sucre glace, eh oui quand y faut, il faut !
Dans les années soixante les casinos financés par des caïds du milieu commencent à subir les coups de butoir des enquêtes de la police et de la justice, les grandes chaînes hôtelières profitent de l’occasion. Bientôt, un nouveau Vegas va naître: l’architecture même devient spectacle, et sur le Strip, l’avenue où se trouvent les casinos, devient décors, spectacle, splendeur, point de vue et image du monde. Style renaissance du Bellagio, style égyptien avec la Pyramide, parisien avec la tour Eiffel…
J’ai retrouvé ma Chevrolet Monte Carlo. La route 66 m’a conduit au Nouveau Mexique¸ ici passe le chemin de fer qui relie Chicago à Los Angeles. « L’esprit western souffle encore sur Gallup, on aperçoit souvent des colosses indiens tituber le long des ruelles sombres qui bordent la Route 66. L’alcool est interdit dans les réserves avoisinantes, et il arrive que les ouvriers Navajos ou Hopi qui touchent leur paye l’après- midi, la dépensent immédiatement dans l’un des vieux saloon de la ville. »
Une recette, celle du gâteau de voyage qui figurait au menu des pionniers lors des grandes migrations. Selon certains historiens, la recette originale viendrait des indiens Shawnee, selon d’autres, d’esclaves noirs. Faire dorer des lardons, mélanger dans un bol, une tasse de farine, une cuillère à café de sel et de sucre puis verser une tasse d’eau bouillante, Graisser avec le gras du lard une poêle , faire dorer la pâte , servir avec les lardons et du sirop d’érable.
Je file un bout de chemin sur la route, puis cap sur « Atomic desert » autrefois on allait à Las Vegas pour voir le dernier spectacle à la mode : l’explosion nucléaire, aujourd’hui c’est l’heure pour de nouveaux mythes .
Ma Chevrolet perd du liquide, c’est normal docteur ?
Mythes et gastronomie de l’Ouest américain : sur la route ! Nausica Zaballos
Parole publique Le Square éditeur
Jeu de vacances
Puisque Les Soirées de Paris vont bientôt partir en vacances, un petit jeu. Si je parle d’une Chevrolet Monte Carlo, c’est en référence à un roman français paru en 2012, qui a justement connu un grand succès, un thriller génial. Au fait quel est le titre du roman ?
Au lasso, le jeu de vacances : « la vérité sur l’affaire Bruno Sillard » ?
Aucune idée pour la devinette. En revanche, mention spéciale pour la Chevrolet Monte Carlo qui, à elle seule, vaut 50% du voyage. PHB
Ce cher Benoit rien ne lui échappe. « La vérité sur l’affaire Harry Quebert », est un thriller où l’auteur ne ménage pas les rebondissements, nous tient en haleine. Un pavé de plus de 600 pages qe l’on quitte à regrêts. L’atmosphère est lourde dans ce petit village où tout le monde se connait. Grand prix du roman de l’Académie Française et prix Goncourt des lycéens (2012). Une version audiolib est lu par Thibault de Montalembert, une seule voix qui nous prend au piège d’où on ne ressort qu’à regrets.
Il est tout juste le temps pour les cadeaux!
je me glisse dans la rubrique conseil, un petit bijou, ce n’est pas une nouveauté, Le Pilon, de Paul Desalmand, vous m’en direz des nouvelles … Bon vent cher Bruno
J’en oublie le nom de l’auteur, Joel Dicker, un Suisse comme le nom l’indique;
salut, le voyageur!
Cela me plaît bien, ce que tu écris…
Je reviendrai demain, car il se fait tard… Il pleut sur le jardin… Il n’y a plus de feu.. Il n’y a plus rien à faire … qu’à rester, tous les 2, seuls…
Attends, je sais des histoires… Mais il est un peu tard, ce soir… Ne pleure pas…Elle n’est plus là…
Le petit garçon chanté par Régiani revient visiter mes circonvolutions fripées( pour une fois que c’est plus que chic d’être fripées!!). Je l’ai tellement écouter il y a longtemps…Avec Barbara, Brel… Merci, à toi, qui es partie si tôt….On the road again avec Lavilliers naturellement, en fond musical….qui n’oublie pas la Vallée de la Fensch et les villes en Anges… Florange, Nilvange, Hayange… Villes où les anges ont des gueules noires… Et les hauts fourneaux des gueules éteintes…Pas de chance…
Tschüssssssss
Bzzzzzzzzzzz
Annnn la fenschoizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzze!
Donc, à demain