«Coucou Bruno, à la rentrée de septembre, j’ai des potes qui préparent une exposition sur l’habillement, la mode, enfin tu vois. Ils invitent plusieurs artistes et cherchent quelqu’un pour mettre des mots dessus, enfin tu vois.» Virginie Transon qui nous offre des collages et des bustes à réveiller les rêves m’avait appelé au début de l’été.
«Enfin tu vois…» Bon, je voyais moyen, mais j’avais l’habitude. Une fois il y a quelques années, nous avions un projet d’associer collages et écriture. Elle voulait un texte plein de couleurs, genre William Burroughs, et me voilà avec un bouquin de l’halluciné américain des années soixante. Faut suivre, surtout, que pour moi, à l’époque Burroughs me rappelait plutôt Tarzan.
Cette année à l’automne, Daniel Lacroix et Marylène Millerioux organisent comme tous les ans une exposition où ils invitent des artistes autours d’un thème. «Nous aimons donner une visibilité aux créateurs que nous aimons et aimons découvrir des créateurs. Nous sommes situés à proximité d’un haut lieu de la céramique, la Borne, dans le Berry des sorciers… Sculpteurs tous les deux notre passion est quotidienne et ouverte dans l’échange avec une recherche d’ouverture, notre travail évoluant avec ce que nous sommes, en profondeur.» m’expliqueront-ils plus tard.
On arrive en juillet, je manque d’indications, aussi j’en appelle à super Vivi, qui répond : «Coucou Nono, voilà quelques images – un peu succinctes – des robes qui vont être exposées, bref, le thème est la robe » dans tous ses états. Elle rajoute comme pour me rassurer, «je n’ai pas encore commencé le boulot pour l’expo! En retard comme d’hab’. Encre et plume, à toi de jouer!» Là, je confirme les images étaient un peu succinctes. .. Un vague crayonné de robe, une coiffe !
Je sens que je vais à la fois me laisser porter tout en donnant un fameux coup de rames, surtout que début août, je reçois le message suivant : «Au fait il faudrait quelques amorces de textes pour la mi-août si tu peux pour la mise en page du catalogue, ils ont besoin d’évaluer le nombre de pages, textes, créa et autres pour le brochage ou reliure, la mise en page. Lâche toi, j’adore, des jupons sens dessus-dessous. Bisous. Vivi» Dans un de mes textes que je lui avais déjà fait parvenir, je raconte l’histoire d’un petit chat noyé dans le frou-frou des jupons d’une danseuse de French Cancan
Cela dit, je vous raconte l’expo par le petit bout de ma lorgnette…
J’envoie une première fournée de cinq textes. Parmi eux une reprise d’un texte parue dans les Soirées». A l’époque ce texte était une exploration d’un tableau par ses couleurs. En même temps il donnait une image d’une éternité des femmes, du sexe aussi. Je l’ai revisité en le centrant autour d’une histoire kafkaïenne qui se transforme en une vision de la mort qui à la relecture, m’a un peu flanqué la frousse.
Un nouveau mail de Virginie : «J’aime, mais j’aurais en plus envie pour l’expo, d’un peu de libertinage, de mots, de couleurs, de tissus, de sensation… Tokyooooooooooooooooooo. Bises. Vivi qui retourne au boulot». Je lui envoie un sixième texte qui raconte une fin de nuit dans un club libertin.
Les choses prennent forme. Le catalogue devient objet. «Il devait être broché», explique Marylène, » mais comme nous aimons laisser toutes expressions aux artistes, et que Charles [le compagnon de Vivi qui crée de superbes sculptures en fer forgé] avait envie de faire sa page en verre avec dessus une intervention, ça remettait en question la forme… Et c’est ce qui est intéressant, s’adapter, donc nous avons pensé à une boite, ce qui tolère toute matière et épaisseur, à la fois catalogue et objet original.»
Au final, huit artistes et deux écrivains et une boîte catalogue encore un peu secrète…
Du 28 septembre au 13 octobre
Vernissage de l’exposition « Dress Code » le samedi 28 septembre 2013 à partir de 18h30.
Atelier In-Situ : 3, les Gâtés 18250 Henrichemont.