Dans le bois guyanais, on dit que les maxililis, petits génies de la forêt, s’amusent à brouiller les pistes afin d’égarer les promeneurs qui s’imagineraient baguenauder dans le Bois de Boulogne. A Paris, il y a aussi des gens qui, nuitamment, se distraient en détournant la signalisation routière. Sur ce panneau de sens interdit, la trouvaille est inédite autant que réussie. L’artiste n’est pas tombé dans le panneau il y est entré.
Le « street art » est un genre qui mêle pas mal de spécialités dont les graffeurs ne sont qu’une tribu. Le petit voleur de cette barre blanche de sens interdit est déjà loin tandis que rue de Belleville un autre artiste a peint un être étrange (le style n’est pas sans rappeler certaines bestioles clandestines) que sa disposition particulière sur des grilles ne rend lisible que de profil.
Au-dessus d’un square associatif, un couple d’éléphants a pris son envol tandis que rue des jeuneurs, Monsieur FKDL a remplacé son œuvre précédente qui était rouge par une verte. Sans doute que quelqu’un préférait la rouge, la verte a déjà été arrachée.
Tout cela étant destiné à disparaitre, au contraire des oeuvres plus nobles qui émaillaient la biennale de Belleville jusqu’au 20 octobre, il est important de saisir ces initiatives graphiques qui nous font de l’œil au coin des rues.
J’adore cette rubrique « street art », et au détour d’une rencontre un soir au lieu de proposer de venir voir ses estampes japonaises (d’abord c’est chiant et puis il faut en avoir [des estampes]), inviter à un détour pour montrer son sens interdit à quelque chose de plus intriguant.
Moi aussi j’adore l’art des rues. Quel humour dans ce détournement d’interdit !
Un sens interdit toujours visible tout en haut de la rue de Crimée à l’orée de la place des Fêtes. PHB